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Critique de Presence


Ce tome regroupe les épisodes 23 à 28 de la série mensuelle, parus en 2012. Contrairement à ce que cette numérotation pourrait laisser penser, il s'agit du début d'une nouvelle série. Glory est un personnage inventé par Rob Liefeld en 1993 qui s'est librement inspiré de Wonder Woman pour créer une princesse guerrière. Ce personnage a connu son quart d'heure de gloire quand Alan Moore a écrit 3 épisodes de sa série, et puis elle a complètement disparu pendant 12 ans, ainsi que tout le reste du catalogue de Liefeld. En 2012 elle a bénéficié d'une nouvelle série (continuant l'ancienne numérotation), comme d'autres personnages de ce créateur : Prophet de Brandon Graham, Bloodstrike de Tim Seeley et "Youngblood" de John McLaughlin.

Sur la planète Thule, 2 races se combattent. Gloriana Demeter (surnommée Glory) naît de l'union des chefs de ces 2 races. Arrivée à l'âge adulte, elle se rend sur Terre pour aider la race humaine dans son développement ; elle y arrive pendant la seconde guerre mondiale. de nos jours, Glory semble avoir disparu de la surface de la planète. Mais Riley Barnes (une jeune femme) rêve d'elle chaque nuit depuis son enfance. Elle a décidé de se mettre à sa recherche pour retrouver une tranquillité d'esprit. le dernier indice qu'elle a trouvé l'amène à se rendre au Mont saint Michel, à la brasserie Mornet. Sur place elle accueillie par Fabrice (un homme d'une cinquantaine d'années) qui la présente à Gloria une femme serveuse à la brasserie. Celle-ci l'amène jusqu'à Glory qui se remet d'importantes blessures. Tout peut commencer.

Dans les années 1990, Rob Liefeld devient la caricature des excès des tics de l'époque. Il dessine des individus à la morphologie délirante (toujours plus de muscles pour les hommes, de poitrine pour les femmes), ses scénarios sont creux, la personnalité de ses superhéros est inexistante, il a du mal à payer les artistes qu'il emploie. Malgré tout, il faut bien lui reconnaître une capacité impressionnante à créer des points de départ originaux pour ses séries. Même si Glory a pour point de départ l'archétype de Wonder Woman, Liefeld la modifie juste ce qu'il faut pour qu'elle devienne originale. Dans les années 2010, Rob Liefeld revient sur le devant de la scène (avec pas moins de 3 séries dans New 52 de DC Comics : Hawk & Dove, Deathstroke (qu'il reprend à partir de l'épisode 9) et Savage Hawkman (qu'il reprend également à partir du numéro 9). En parallèle il collabore avec Robert Kirkman sur The Infinite. Et il profite de ce regain de popularité pour relancer ses personnages dont Glory. La lecture de ce tome montre qu'en tant que propriétaire des droits, il a laissé une liberté totale aux créateurs.

Joe Keatinge reprend donc le point de départ : une princesse guerrière dont les origines diffèrent sensiblement de celles de Wonder Woman (pas de poupée d'argile). Il lui associe 2 personnages secondaires féminins (Riley et Gloria) et il reprend le principe des parents issus de 2 races antagonistes. Comme le laisse supposer la couverture, Glory est une guerrière qui ne s'en laisse pas conter. Il établit rapidement un lien avec Supreme (l'équivalent de Superman dans l'univers partagé de Liefeld), et c'est parti pour la découverte de ce personnage. Keatinge incorpore plusieurs éléments qui font ressortir cette série par rapport à la production habituelle de superhéros. Pour commencer, il a osé situer l'action en France, qui plus est dans un endroit touristique mais vraisemblablement peu connu des américains. Ensuite lorsque les français s'expriment dans leur langue naturelle, il n'y a pas de faute (juste une pour être honnête). Si leur français est un peu académique, en tout cas il n'est pas gauche. La deuxième particularité de sa narration est que Glory est surtout vue de l'extérieur par Riley Barnes qui la découvre. Ce dispositif permet au lecteur de se familiariser en même temps qu'elle avec le personnage principal qui conserve ainsi une grande part d'inconnu. Keatinge bâtit un récit équilibré entre affrontements très violents et incertitudes sur la nature de Glory. Il développe les actions de Glory sur la base de la dichotomie de ses origines, entre Lady Demeter (sa mère) et Lord Silverfall (son père), tout en montrant qu'elle est unique.

Cette histoire qui sort des sentiers battus bénéficie d'illustrations qui renforcent la personnalité propre du récit. Dès le début, Glory dispose d'une présence qui en impose. Elle a une haute taille, un corps massif, avec une énorme masse musculaire qui fait que ses biceps peuvent devenir plus gros que sa tête. D'un coté Ross Campbell respecte l'esprit "Liefeld", de l'autre cette morphologie particulière est justifiée par celle de son père. Cet aspect brutal permet à Campbell d'éviter de tomber dans le stéréotype de la superhéroïne aux formes de top-modèle, destinées à émoustiller le lecteur. du coup, Glory ne s'apparente pas à un joli corps destiné à titiller les hormones masculines pour masquer un récit peu inspiré. Il a choisi une plastique plus logique que celle trop sexualisée de She-hulk. Quand Keatinge parle de princesse guerrière, Campbell ne fait pas dans la dentelle pour les combats. Ils sont gore et sanguinolents. Il dispose d'une inventivité remarquable pour créer les apparences des ennemis, avec un vrai savoir-faire pour dessiner les monstres (comme Henry et Beleszava, les 2 aides de Glory). Il apporte un soin remarquable aux tenues vestimentaires, à la fois pour les civils et pour Glory. Il n'y a qu'un seul parti pris déconcertant : il dessine le visage de Riley Barnes comme s'il s'agissait d'une enfant d'une dizaine d'années, alors que le scénario précise bien qu'elle est en âge de gagner sa vie, donc plutôt une jeune adulte.

Joe Keatinge et Ross Campbell reprennent un personnage de Rob Liefeld, à partir de zéro pour une histoire brutale qui prend au premier degré le concept de princesse guerrière. Très rapidement la référence au modèle de base (Wonder Woman) est oubliée pour un récit original qui pose les bases de la série. La personnalité des protagonistes n'est pas très affirmée, mais l'horreur des combats et la personnalité des dessins aboutissent à une histoire prenante.
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