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Critique de transat


Un magnifique roman (publié chez l'Age d'homme dans sa version définitive de 1879-1880), l'un des grands "Bildungsromane" (romans d'éducation) et "Künstlerromane" (romans d'artiste) de langue allemande.
Henri, surnommé le Vert, raconte sa vie. Il est né dans un canton suisse protestant. Très tôt orphelin de père, il est élevé par sa mère, partagée entre le désir de lui offrir le meilleur et la crainte de ce que l'avenir réserve à son fils. Elle le laisse partir pour une ville allemande afin d'y apprendre la peinture, qu'il croit être sa vocation.
On entre peu à peu dans ce roman, sans trop savoir ce qui nous attend, et bientôt le charme agit: impossible de lâcher le livre. Bien sûr, il y a des longueurs - le roman fait environ 700 pages -, mais quel personnage sympathique que cet Henri le Vert: quel optimisme devant l'existence, quelle simplicité naïve mais généreuse, quel amour de la nature et des hommes, quelle liberté face au monde et aux hommes! Qui aime les merveilleuses "Scènes de la vie d'un propre à rien" d'Eichendorff aimera "Henri le Vert".
Le roman vaut d'abord par sa description d'un coin de la Suisse protestante du début du XIXe siècle – un milieu peu connu pour qui ne fréquente pas la littérature suisse et notamment ses grands écrivains du XIXe (Keller, Gotthelf) – avec sa rigueur morale teintée de gouaille paysanne, sa civilisation à la fois paysanne et urbaine. Les récits sur l'enfance, parfois cruels et sans aucune concession, dénotent une connaissance fine de la psychologie enfantine. le héros va ensuite apprendre la peinture en Allemagne: c'est alors la description de la vie d'un aspirant peintre en réalité peu doué, mais qui se laisse vivre et enseigner par le quotidien, avant de comprendre que sa place est dans sa ville d'origine. L'évolution psychologique du héros, de son assurance d'être fait pour la peinture à son découragement, est à nouveau très finement décrite. Les amours forment une partie non négligeable de l'histoire: "Henri le Vert" est aussi une éducation sentimentale qui finit sur une surprenante apologie de l'amour libre.
Les épisodes marquants sont légion, mais pas d'intrigue qui nous tient en haleine. Ce roman agit plutôt par un charme discret, par l'ironie constante du narrateur, par la sagesse qui se dégage en creux du récit.
Pour ma part, j'ai été sous le charme des jours durant et me suis presque étonné d'arriver à la fin du roman sans presque avoir jamais éprouvé de lassitude...
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