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Critique de florigny


Le détective privé de L'été de cristal, premier tome de la trilogie berlinoise est Bernhard Gunther, Bernie, flic démissionnaire de Kriminalpolizei, reconverti notamment dans les enquêtes sur les disparitions, justement nombreuses en 1936. Bien que berlinois, Bernie possède toutes les caractéristiques du hard-boiled américain. Solitaire, caustique, anti-conformiste, il flirte souvent avec l'immoralité, joue volontiers les séducteurs en sirotant du schnaps, et n'hésite pas à lutter seul contre tous. Dans cette époque troublée, où avocats, médecins, plombiers, bouchers, bijoutiers font suivre leur profession ou titre du mot « allemand » sur leurs cartes de visite, il ne parvient pas à se définir comme un enquêteur « allemand », un enquêteur luthérien, un enquêteur asocial ou seulement comme un enquêteur veuf.


Le contexte historique est quant à lui une géniale trouvaille de Philip Kerr, qui procure toute sa force à ce premier opus : Berlin 1936, période d'éclosion des violettes de mars, surnom attribué à tous les suiveurs, les sans-convictions qui, la truffe au vent, rallient en toute hâte le parti nazi et son führer, par opportunisme. C'est dans cette ambiance délétère que Hermann Six, magnat de l'industrie, demande à Bernie d'élucider le meurtre de sa fille et de son gendre, abattus dans leur lit, avant l'incendie de leur maison. L'enquête est rondement menée, et grâce à l'humour et au cynisme de Bernie, offre de nombreuses scènes très drôles. Mais la recherche du coupable permet surtout à l'auteur de radiographier la vie quotidienne des berlinois en 1936 et de dresser l'état des lieux d'un pays apathique et nécrosé qui a donné démocratiquement tous les pouvoirs à un dictateur. de nombreuses lois liberticides ont été votées. Ont été créés le « Département pour la suppression de l'homosexualité » chargé de traquer les déviants, la « Brigade radiophonique » qui a pour tâche de frapper aux portes pour vérifier que chacun effectue son devoir civique en écoutant les discours des hauts dignitaires nazis, la « Brigade anti-corruption » submergée tant les trafics de toutes sortes fleurissent, la « Ligue féminine » qui considère le maquillage, les hauts talons ou la cigarette contraires à l'idéal nazi de la femme allemande, et ainsi de suite, sans fin....


Pour les jeux olympiques, « la plus scandaleuse supercherie de l'histoire moderne», les nazis redorent un peu leur blason, remettent en librairie quelques livres interdits, ce qui n'empêche pas l'humiliation du régime : Jesse Owens, athlète afro-américain, ridiculise sous les yeux d'Adolf Hitler toutes les théories foireuses sur la supériorité aryenne et donne, avec ses quatre médailles d'or, un sens à l'humanité toute entière.
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