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Critique de Sachenka


Après quelques années de pause, je me suis plongé à nouveau dans les aventures de Bernie Gunther. Et le plaisir est au rendez-vous. Incidemment, je me demande pourquoi j'ai tant tardé avant de m'y remettre. Vert-de-gris commence à Cuba, où Gunther se la coule douce. Malheureusement, il a le don de s'attirer les ennuis, ou bien les emmerdes lui courent après. Dans tous les cas, le voici arrêté par la CIA qui le ramène en Allemagne – alors que les crimes de guerre contre les nazis continuent – où on l'interroge sans relâche pour lui soutirer toutes sortes d'informations, à commencer sur Erich Mielke. C'est l'occasion pour Gunther de remonter le fil de ses souvenirs, alors qu'il était flic à Berlin. Donc, on alterne entre 1954 et 1931, puis 1940 ainsi que 1945-46. J'aime bien ces voyages dans le temps, voir la capitale allemande pendant la montée du nazisme, Paris pendant l'occupation, les camps de travail soviétiques, etc. C'est assez réussi, la description précise des lieux et de l'atmosphère permet de bien visualiser le tout, de croire qu'on y est. Coup de chapeau à l'auteur Philip Kerr pour la rigueur de ses recherches. Aussi, le mélange entre roman historique, roman d'espionnage et roman policier est très bien dosé. Kerr maitrise tous ces genres en créant une aventure originale, riche et intéressante. Par moment, ça pouvait donner l'impression de s'étirer en longueur et d'aller dans toutes les directions mais le lecteur averti saura que, plus on avance, plus on se rend compte que tout est bien ficelé. La finale, où tout le monde trompe tout le monde, est un vrai pied de nez aux organisations gouvernementales. Je me permets une petite parenthèse : j'ai trouvé surprenant mais éclairant l'opinion que les Allemands et les Américains se faisaient de la collaboration française et du fascisme dans l'Hexagone pendant la guerre, qui diverge beaucoup de l'idée de la résistance glorieuse qu'on nous ressasse éternellement – pas que je veuille diminuer le courage de ceux qui se sont battus pour contribuer à la libération.
Trilogie berlinoise et les tomes suivants sont devenus une série culte et, outre l'excellence de la reconstitution de cette époque troublée, le personnage de Bernie Gunther y est pour beaucoup. Social-démocrate convaincu, bourru mais diablement efficace et foncièrement honnête, il n'a pas la langue dans sa poche, lui causant parfois quelques difficultés. Il hait les nazis mais se voit contraint de travailler avec/pour eux en de maintes occasions – ce n'est pas comme si on avait le choix si on tenait à sa peau. C'est qu'il est un devenu en expert dans l'art de survivre. Gunther est un personnage avec beaucoup de profondeur (et d'humour, j'adore son sarcasme) qu'il me plait de retrouver. On y voit un homme qui a connu les horreurs de la guerre et un pan des exécutions de masse et il ne le souhaite à personne, pas même aux communistes, que pourtant il ne porte pas dans son coeur. Bref, il est humain. On aurait pu croire que la fin de la guerre et la chute du régime nazi lui aurait permis de se retirer mais non : la guerre froide contre communiste ne fait que commencer et cet homme aux multiples talents sera se rendre utile, même malgré lui… J'ai hâte de lire la suite de ses aventures.
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