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Critique de Meps


Cinquième livre de Khadra pour moi, un des plus connus. L'adaptation télé qu'en a fait Arcady y est vraisemblablement pour quelque chose.

Quand on commence à connaître Kadra, son style et sa manière de raconter les histoires, on se retrouve en terrain connu, confortablement installé dans le récit. On s'attend aux jolies phrases avec des mots choisis et des tournures recherchées mais on sait aussi que l'auteur saura aussi ne pas en surcharger son roman, qu'il en fera avant tout une histoire cohérente plutôt qu'un exercice de style. On sait qu'il nous exposera les positions de chaque protagoniste en essayant d'être le plus sincère à chaque fois pour ne pas orienter trop les sympathies de son lecteur. le contexte est ici éminemment propice à ce choix de narration : l'Algerie de 1930 à l'indépendance avec un clin d'oeil à notre époque pour finir. Quel plus beau terrain que cette Algérie française qui redécouvre petit à petit qu'elle pourrait être juste algérienne pour voir s'affronter des positions aussi tranchées que seul un général de grande stature pouvait affirmer avoir toutes comprises...

Et comme souvent chez Khadra, l'angle du narrateur choisi est essentiel. Ici un Arabe à qui les drames familiaux finiront par offrir une vie parmi les colons, jamais totalement rejeté, jamais totalement accepté. Une histoire personnelle au premier plan dans laquelle la Grande Histoire n'est le plus souvent qu'un décor de fond. Mais une histoire symbolique qui permet de rejouer L Histoire à un niveau plus intimiste, nous la rendant ainsi plus concrète.

J'ai parfois été lassé, presque énervé des atermoiements et des silences de ce Jonas Younes, que plusieurs de ses relations finissent par accuser de lâcheté. Mais c'est bien cette indécision qui aura caractérisé ce coin du monde pendant toute cette période, un bout de terre personnifié qui ne sait plus à qui ou à quoi elle doit être fidèle. L'échange entre le héros et le colon Pepe Rucillo au coeur de l'ouvrage est sans doute le moment le plus poignant et le plus représentatif du ton du livre.

On ressort comme souvent d'un roman de Khadra avec moins de certitudes dans nos opinions qu'au départ mais riche de bien plus de connaissances de l'époque qu'il décrit, enrichi des points de vue de tous ses personnages qu'il se refuse à juger, comme un père qui ne peut renier aucun de ses enfants et cherche avant tout à les comprendre.
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