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Critique de chuutjelis40


Rachel Khan.

Femme, blanche et noire, Gambienne et Polonaise, musulmane, animiste et juive (oui, « tout ça » !), cette juriste de formation dit être une femme « racée », fruit de la somme de l'ensemble des petits morceaux de mosaïque qui la « constituent » mais, jamais, ne la « situent ».

Elle s'interroge – courageusement - sur l'excès ambiant de « races », à l'heure où les questions identitaires semblent plus que jamais structurer le débat social et politique.

Ainsi ose-t-elle poser la question de « comment se positionner (et doit-on le faire, d'ailleurs ?) » pendant que tempête l'injonction péremptoire sommant tout un chacun de « choisir son camp » ?

À travers une série de mots qui divisent (souchien, afro-descendant, intersectionnalité) ou « ne vont nulle part » (diversité, mixité/non-mixité, vivre-ensemble) et d'expressions « politiquement correctes », elle s'applique à démontrer que l'idéologisation propre à notre époque confisque le débat en interdisant toute forme de nuance.

Selon elle, « (…) au lieu de nous soulager, ces mots ravivent nos blessures et nos souffrances », alors qu' « (…)ils doivent normalement servir nos échange ». Ainsi, (…) certains mots nous séparent alors qu'ils devraient nous recoudre ». Pourtant, « les discriminations se combattent toujours dans l'ouverture et vers la lumière et non pas en pointant les anciens bourreaux comme c'est le cas aujourd'hui ».

Elle défend férocement les « mots qui réparent » (intimité, création, désir), ces mots qui permettent de rétablir le dialogue et de favoriser la pensée non-unique pour ré-unir notre société, écartelée entre les mouvements identitaires qui l'ont investie.

Son livre, ode puissant à l'ouverture, appelle à détruire les murs qui séparent et les barrières qui divisent pour réinvestir le débat et réfléchir – ensemble - aux écueils auxquels conduisent ces replis et la tentation de céder à un « entre-soi », commode mais stérile, qu'ils provoquent et encouragent.

L'autrice conclut son propos par l'éloge du silence pour faire taire les monologues et « échanger car on ne peut pas tous parler en même temps ».

Une lecture exigeante mais passionnante.
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