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Critique de Pois0n


Certains héros ne portent pas de cape, comme ces voisins inconnus ayant déposé des livres dans le hall de l'immeuble. Parmi lesquels Eternalis.
Je n'ai pas pour habitude de lire des thrillers ésotériques, mais le résumé était assez prometteur, en tout cas suffisamment pour qu'au lieu de le laisser végéter de longs mois dans mon interminable pile à lire, je l'entame tout de suite.
Au final, si la lecture n'aura pas été véritablement déplaisante, elle n'aura franchement pas été transcendante non plus.

Si vous aimez quand il y a du mystère, des énigmes à résoudre, de la tension et du suspense ou encore de l'action, vous pouvez oublier Eternalis tout de suite, manquant cruellement de peps d'un bout à l'autre.

L'histoire est loooooooooongue à démarrer et à se mettre en place. Mais alors vraiment très, très lente. C'est-à-dire qu'il faut attendre approximativement la moitié du truc pour que les choses deviennent un tant soit peu intéressantes. Et encore... Oubliez tout de suite les mystères issus du fond des âges, les trois quarts de l'intrigue tournent en réalité autour d'un évènement programmé avant même le début de l'intrigue, à savoir une transaction illégale autour d'une antiquité. TOUTES les actions de tous les personnages s'articulent autour d'une façon plus ou moins directe, y compris le fameux enlèvement. Et, comme l'on a droit au point de vue de tout le monde (y compris celui du ravisseur), les tenants et aboutissants de l'histoire sont clairs comme de l'eau de roche dès le départ. Aucun mystère, donc. A partir de là, on se contente donc de suivre les personnages sans réelle empathie, agissant chacun de leur côté mais néanmoins les uns par rapport aux autres au cours d'un récit extrêmement linéaire et sans le moindre rebondissement, pendant que l'auteur tisse le décor.

Le roman souffre aussi d'un « syndrome Wikipédia » assez présent, parfois justifié par l'intrigue (les explications sur le vieillissement), parfois pas du tout (plusieurs pages sur l'histoire de l'ambassade américaine à Beyrouth, sérieusement ?) et de façon tout sauf transparente. Tout s'interrompt d'un coup, et c'est parti pour une tartine de texte à la narration très scolaire, alors que deux lignes plus tôt il était encore question de l'histoire d'enlèvement. Bref, si l'on sent indéniablement que l'auteur a sérieusement potassé ses sujets, les informations sont extrêmement mal intégrées à l'histoire, en cassant le rythme déjà assez pépère...

La même narration froide et mécanique gâche magistralement les quelques passages se voulant mouvementés qui viennent pimenter le récit à l'occasion. On sent clairement que ce n'est pas « le truc » de l'auteur, tant il en ressort une impression de « pif-paf-pan-pan ». En bref, les fusillades comme les encore plus rares empoignades sont plates et peu immersives, la faute en revenant principalement à la narration, détachée, scolaire, dénuée de toute tension et de toute émotion.

Bref, quand on a l'habitude de lire du Cussler à côté, tout ça ne pardonne clairement pas. D'accord, Eternalis n'est pas un roman d'aventure, mais il en reprend davantage la recette que celle d'un pur thriller ésotérique. Les sociétés secrètes ne sont là que pour faire joli, par exemple. Les mystères ne sont là que pour donner une motivation aux personnages, la trame narrative étant à la fois celle d'une course poursuite et course contre la montre. Et point de véritable « enquête » non plus. Des manigances, oui, mais rien de plus.

En soi, ce n'est pas non plus « mauvais ». L'histoire, aussi simple et linéaire soit-elle, tient debout ; le passage d'un protagoniste à l'autre permet au lecteur d'avoir une vision d'ensemble tout en évitant les trous dans la narration ; et si l'on occulte le bla-bla informatif mal intégré et l'action plan-plan, la plume de Raymond Khoury s'avère plutôt efficace pour ce qui est de croquer les réflexions de ses personnages, qui constituent une part non négligeable du truc. Donc oui, ça se lit. Reste que c'est fade...
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