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Critique de tynn


On imagine difficile la charge émotionnelle des non-dits quand on a eu un père rescapé des camps de concentration.
Un père qui a beaucoup souffert et qui a élevé quatre enfants en ne parlant jamais de son expérience de déporté, si ce n'est en considérant cette fratrie comme une revanche sur Hitler, une victoire sur le régime nazi.

Ce n'est qu'au décès par suicide d'un des fils que la parole paternelle se libère, se débloque comme un verrou rouillé, au point de devenir un combat pour un homme qui va s'investir dans le témoignage auprès des jeunes et dans les associations, au détriment de l'écoute dans sa propre famille.

« Mon père est passé du statut de victime - ce que j'ai connu pendant toute mon enfance - à celui de héros de la Shoah. »

Michel Kichka fait donc partie de la Deuxième Génération, celle qui doit etre sans faille, qui doit se comporter de manière irréprochable, car il est impensable de décevoir ses parents. Lourde responsabilité, que son frère n'a sans doute pas pu assumer.

Prenant du recul géographiquement par choix et par son travail, l'auteur, installé à Jérusalem, a utilisé sa palette d'encre noire pour partager une enfance, une intimité familiale, cette difficulté à construire une vie en se détachant du passé, sans pour autant l'oublier.

Excellente BD, chargée d'émotion, adoucie par un zeste d'humour et de gaité. Les planches fourmillent de détails, les personnages sont travaillés, à l'image de cette photo de famille prise avant-guerre et reproduite en noir et blanc.
Michel Michka a enfin pu « dire » à son père…
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