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Critique de traversay


Quand elle est morte, un jour de novembre 1982, Jean Batten n'était plus depuis longtemps une héroïne de l'actualité. Depuis plus de 40 ans, elle n'exerçait d'ailleurs plus l'activité qui en avait fait l'une des stars des années 30 et, sans nul doute, la néo-zélandaise la plus connue et chérie de l'histoire, au temps de sa gloire. Mais, solitaire depuis des années, oubliée et anonyme, elle a fini dans une fosse commune de Palma de Majorque. Fin d'une vie qui s'est quasiment arrêtée avant l'âge de 30 ans, du jour où elle cessa de voler, pour des raisons plus ou moins obscures (et politiques en 1939). Jean Batten, telle que la ressuscité aujourd'hui sa compatriote Fiona Kidman, a été l'une des plus grandes pilotes des années 30, qui battait des records à tour de bras, entre les Iles britanniques et l'Australie ou l'Amérique du Sud et réunissait des foules énormes qui la vénéraient, et pas seulement en Nouvelle-Zélande. Son identité farouche, son refus des compromissions et sa fière indépendance lui avaient valu le surnom de "Garbo des cieux." Une appellation plutôt prémonitoire puisqu'elle termina son existence de la même façon, en recluse. Sa vie a été incroyablement romanesque et Fiona Kidman s'en empare en réussissant à adopter une juste distance. L'auteure est bien entendu du côté de son héroïne, avec une certaine bienveillance, mais elle n'a pas écrit une hagiographie pour autant. Non, elle enregistre tous ses doutes, ne manque pas d'évoquer son tempérament parfois glacial et l'utilisation de sa séduction naturelle pour obtenir des hommes ce qu'elle souhaitait : non pas un mariage mais des subsides pour financer ses vols, une entreprise très difficile dans le monde de l'aviation, peu ouvert aux femmes. Fille de l'air s'élève, c'est le cas de le dire, bien au-dessus des stéréotypes de la biographie historique, s'attardant sur l'enfance et l'adolescence de la native de Rotorua, laquelle aurait pu faire une très bonne concertiste, voire une excellente danseuse, si elle n'avait pas eu cette fascination pour la navigation aérienne. Et la romancière décrit avec brio la relation fusionnelle unit Jean et sa mère alors que le noyau familial se dissout très vite, entre un père volage et deux frères insaisissables. Avec un style limpide, un don inné pour les dialogues, un talent extraordinaire pour décrire les états d'âme de son personnage principal et un sens de l'humour percutant, Fiona Kidman rend hommage à une figure de légende dans un livre formidablement palpitant et documenté où les traversées aériennes, pour ne prendre que cet exemple, sont racontées avec une fluidité et une précision éclatantes. L'un des romans les plus brillants parus en France depuis de le début de l'année, sans l'ombre d'un doute.
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