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Critique de Henri-l-oiseleur


Ce nouveau produit de Stephen King présente les mêmes qualités que les précédents : poésie du vagabondage avec le personnage de Tim, sensibilité remarquable à l'enfance et à son monde, efficacité des oppositions simplistes entre bons et méchants. Les mauvais traitements subis par les enfants enlevés et enfermés à l'Institut sont pénibles à supporter : peut-être même le traducteur est-il conscient des sinistres connotations du mot "institute/ institution" en anglais américain, où "to be institutionalized", c'est être interné de force dans un asile de fous, alors que l'Institut, en France, est une noble école de très haut niveau créée par Bonaparte. Même, à la fin, la perspective s'élargit à des questions géopolitiques et on retrouve le King paranoïaque habituel, si américain, des Tommyknockers ("la police de Dallas") ou du Fléau (où un Institut étudie les rescapés de la Super-Grippe au point de les tuer). Voilà donc Stephen King tel qu'on le connaît, qui même, par éclairs de lucidité, dépasse sa propre bêtise manichéenne. Cependant Bret Easton Ellis avait raison, dans son dernier ouvrage ("White") où il donne une description hilarante de la bourgeoisie américaine de gauche et de ses obsessions hystériques anti-Trump. Alors que les précédents romans de King semaient la méfiance envers l'état fédéral en général, ici Donald Trump est injurié nommément, et les pauvres enfants enlevés, ou les victimes innocentes de l'Institut, sont démocrates. On croise même au passage Saint Obama et Sainte Hillary, tandis qu'un gentil leader arabe du Moyen-Orient et un sénateur au nom soigneusement choisi pour être juif, sont éliminés grâce à l'Institut. Voici donc une couche de militantisme de plus, sur ce qui pourrait être un produit de divertissement sans conséquence comme l'auteur sait si bien en livrer. Cela ne gênera pas le lecteur courant qui croit aux médias, bien sûr, mais qu'adviendra-t-il de ce pauvre roman militant quand les fièvres du moment seront retombées, à la fin de 2020 ou dans quatre ans ? quand les médias milliardaires et les "beautiful people" lacrymatoires se seront trouvé un autre bouc émissaire à détester ensemble ? Cette couche de haine militante perdra toute signification et fera perdre au reste du livre tout intérêt, malgré ses qualités. Même dans la littérature du niveau de Stephen King, "la politique est un coup de pistolet au milieu d'un concert", pour citer Stendhal, romancier aux idées progressistes.
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