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Critique de kikenbook


Vois-tu, lire « le Fléau » en pleine pandémie mondiale, c'est un peu comme tenter de digérer l'« Impact » de Norek en plein réchauffement climatique ou lire le « Brokeback Moutain » de Proulx un soir sous la tente pendant que le cow-boy dans le duvet d'à-côté te regarde d'un oeil timide mais gourmand. Bref, tu l'auras compris, « le Fléau » a ceci de proche avec l'actualité qu'il évoque des Etats-Unis (mais on peut imaginer que c'est le monde, puisque dans l'esprit américain, il n'existe rien d'autre au monde que les Etats-Unis - cliché quand tu nous tiens !) en proie à un virus. Mais attention, THE virus ! le truc mortel qui te décime les 250 millions d'américains (l'action se situe en 1990) en moins de temps qu'il n'en faut pour que le cow-boy dans le duvet d'à côté te propose une chevauchée fantastique ! Au milieu de l'hécatombe, il existe des survivants qui très vite se mettent à faire des rêves et cauchemars communs. Les rêves des uns font apparaître Mère Abigail, une vieille femme noire qui leur donne rendez-vous à Boulder (Colorado) afin d'y créer une communauté de gentils survivants, et les cauchemars des autres montrent Randall Flagg, une sorte d'incarnation du Mal attirant ses suppots vers son Mordor perso : Las Vegas.
Oui, l'allusion au « Seigneur des Anneaux » n'est pas anodine, King voulait faire de son Fléau, sa version du roman de Tolkien avec, tu l'auras compris, un Flagg aussi aimable qu'un Sauron et une Abigail, aussi jeune qu'un Gandalf. Un poil illuminée, guidée par les visions qu'elle dit recevoir de Dieu, la vieillarde est une sorte de Jésus en jupon, prophétesse guidant ses disciples dans la lutte contre le méchant Flagg. J'avoue, l'excès de bondieuseries qui entourent le personnage d'Abigail m'a un peu lassé, alors que le charisme diabolique de Flagg était plutôt séduisant.
Le roman fleuve de King est un gros pavé d'une qualité assez inégale mais qui, de façon globale, m'a séduit.
La lecture du premier tome a été laborieuse, avec ses longueurs trop bavardes chères à King mais qui finissaient parfois par rendre la lecture indigeste. Mais j'y ai trouvé aussi quelques morceaux de bravoure comme la description de l'expansion épidémique qui, pour le coup, trouvait quelques échos dans notre actualité. Qu'on ne s'y méprenne pas, le virus n'est que l'élément apocalyptique de ce roman post-apo (comme on dit dans le milieu), le point de départ à une narration, dans le tome 2, principalement basée sur l'établissement des communautés de survivants qui tentent de faire société – avec les traitrises, les amourettes, les abus de pouvoir ou les jalousies que cela comporte – puis d'organiser la lutte contre le camp adverse. Ce tome 2 m'a davantage accroché, suspendu que j'étais à l'avenir de ces personnages très nombreux qu'au fil du roman (la tâche est ardue dans le tome 1) on finit par bien identifier. J'ai retrouvé ce que j'aime chez King, cette faculté d'installer un climat, un univers, des situations horrifiques, des personnages forts, tout ce qui donne au roman son caractère épique fascinant et, comme le disait @voslivresfontdesordre dans son post consacré au tome1, sa « force d'évocation cinématographique exceptionnelle ». Ce n'est d'ailleurs pas innocent si « le Fléau » a déjà été adapté en série en 1994 puis fait de nouveau l'objet d'une série, The Stand sur CBS dont la diffusion en français sur Starzplay commence… aujourd'hui, 3 janvier.
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