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Critique de Jolap


Jolap
22 février 2018
Je remercie chaleureusement les éditions Albin Michel et Babelio pour m'avoir adressé ce livre.

Nous sommes au Japon en l'an 1600. Les armées de l'Est ont triomphé « Rendez grâce au sublime guerrier, le très noble Ieyasu Tokugawa. Saluez l'immortelle et impériale majesté du Fils du Ciel ! ».Nous assistons à la victoire du clan Tokugawa sur la coalition menée par le clan Toyotomi.


L'escrimeur Musashi Miyamoto vaincu aurait dû se suicider. Il est jeune,(16ans) enthousiaste. Il s'oppose à cette tradition et désire vivre coûte que coûte. Pour lui, « Dans le fond, la vie se résumait à une question d'honnêteté, Musashi se savait honnête par nature……..C'étaient les autres, tous les autres qui étaient malhonnêtes, parce qu'ils s'écartaient de la voie la plus juste en se soumettant à des dogmes et à des codes. Ils se niaient eux-mêmes tout en privant le monde de ses potentialités. ».


Selon moi le coeur de ce roman historique est résumé dans cette phrase. Mushashi lutte et doit vivre. Il est seul ou presque, dépossédé et sans appui. Ses poursuivants sont vifs, observateurs, obstinés, motivés et protégés. Tout milite en leur faveur.
Le fougueux et audacieux Musashi est en outre poursuivi par l'école d'escrime Yoshioka de Kyoto parce qu'il a manqué de respect à l'un de ses membres. Tout est contre lui. C'est sans doute sans compter sur sa force physique et mentale, son courage, son audace et peut-être son inconscience.


Ce récit est vif, tranchant, avec des relents de vengeance. Les clans sont bien soudés. Tout manquement à réparation en duel apporte une preuve de lâcheté. Les balafres, les membres sectionnés, les corps sanglants, les précisions morbides ne manquent pas « une sandale de paille qui chuinte à chaque pas, imbibée de sang », ou un peu plus loin..« Tournée vers la rue, la tête avait été plantée au bout d'un pique. Ses cheveux épars faisant écran à la lumière, les traits du visage restaient confus et ne produisaient qu'une impression d'horreur. » ou bien « ses gémissements pathétiques produisaient un sifflement d'eau bouillante » .Sabres, combats, offensives, hurlements, mouvements déliés, le rythme des tambours. Bom,bom,bom ! loyauté, cruauté, voilà ce que nous vivons une lame d'acier sous la main !
J'ai aimé l'histoire de « L'étranger », personnage à l'habit couleur de thé, d'Ameku, une femme aveugle et de Yae l'enfant. Une très jolie et singulière compagnie qui jalonne tout le livre.


Ce roman est malgré toute la violence décrite avec force détails, saupoudrée de pureté, de poésie. Certains passages alternent avec des scènes d'horreur comme pour en atténuer les effets. « Il écoutait les insectes qui fourmillaient dans les branches et les herbes, le craquètement des criquets minuscules, le grésillement des grillons et la stridulation des cigales dont la fervente supplication ne connaissait pas de repos. Tous les sons particuliers se fondaient en un seul, unis par un esprit délivré de ses chaînes, une entité libérée de l'égo, qui se définissait en cherchant l'ordre et la connaissance dans ce qu'elle absorbait sans discrimination. »


La philosophie a des mots à dire bien sûr. Elle donne de l'esprit aux corps et du corps au texte : le karma, la Voie, les lieux sacrés sont présents. La méditation est l'équilibre indispensable au guerrier Musashi, la philosophie le guide « Une impression commença à se clarifier dans l'esprit de Musashi, un mélange de colère, de crainte et de solitude tandis qu'il se soupçonnait vaguement d'avoir confondu la nature de la forêt environnante avec la définition de l'existence elle-même. »


Enfin cet ouvrage nous offre des descriptions de paysages magnifiques. La lune rouge, un arbre « dévasté », « une pluie tiède comme de la sueur », « les bois désolés………arbres noirs aux branches dépouillées……les nuages de couleur des orgueilleux sapins aux aiguilles vert jade. le sol tapi de neige. Les grues aux yeux jaunes qui évoluaient dans des eaux peu profondes. Et Kyoto, le tintamarre des tambours dans les rues, le son grave des peaux martelées, les chats manx filant souplement au bord des toitures…..des moines novices tendant un bol d'une main osseuse », les colporteurs, les chalands….la vie grouillante de Kyoto.


Musashi, le plus grand guerrier de tous les temps sort-il vainqueur de cette incroyable épopée ?
La puissance de ce livre conduit le lecteur à voyager au Japon au XVIème siècle en compagnie d'un Samouraï.
La puissance de Musashi est de nous transformer en escorte et de l'admirer

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