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Critique de Yaena


Yaena
25 février 2018
Il y a quelques années le musée d'Orsay organisait une exposition sur les samouraïs. Leurs armures étaient exposées magnifiques, impressionnantes et surtout terrifiantes. Elles imposaient le respect. Qui étaeint ces hommes avec assez de charisme et de mérite pour les revêtir ? Leurs propriétaires ne pouvaient être des hommes quelconques. Dans son livre David Kirk nous emmène au Japon du XVIème siècle dans l'univers de ces hommes incroyables. Dès leur plus jeune âge ils sont formés au combat, ce sont des guerriers dont le destin est de se battre pour leur maître. Mais ce sont aussi des hommes éduqués, pas des brutes. Ils sont formatés et vivent selon les préceptes de la Voie. Il est impensable de s'en écarter il en va de leur honneur et de leur vie. Ce qui pour un samouraï revient au même. Ces hommes si puissants et respectés ne sont en rien maîtres de leur destin, en acceptant de suivre la Voie ils laissent derrière eux leur libre arbitre et suivent la Voie du Guerrier. C'est pourquoi à l'issue de la bataille de Sekigahara, quand Musashi Miyamoto voie l'armée de son maître en déroute et décide de fuir au lieu de se faire seppuku il devient un paria, un rônin. Les samouraïs sans maître sont la lie de la société. Pourtant quoi de plus normal à 16 ans que de refuser de se donner la mort ? Vivre va donc être son premier leitmotiv, rapidement il va se révolter contre le dictat de la Voie et contre les samouraïs qui lui apparaissent désormais comme des esclaves. Il va rejeter le statut de rônin dans lequel il a vécut deux ans au profit de la liberté. Il est Musashi Miyamoto homme libre! Mais être libre c'est aussi réfléchir par soi-même. Il va donc devoir faire ses choix, à commencer par donner un sens à sa vie. Il entreprend alors d'exposer au monde l'absurdité de la Voie et de la manière de vivre des samouraïs. Seule l'honnêteté trouve grâce à ses yeux. Poursuivit par les Yoshiokas pour avoir manqué de respect à l'un des leurs il semble n'avoir aucune chance d'en ressortir vivant. Les sabreurs de cette école sont des samouraïs redoutables, craints et respectés.

J'ai adoré ce roman historique, véritable ode à la liberté. C'est le récit d'une quête initiatique, une formidable épopée. Je me suis régalée en lisant ce livre.
Plusieurs choses m'ont séduite, à commencer par le sérieux de l'auteur : d'un point de vue historique nous ne sommes pas dans l'approximatif, c'est un roman sérieusement documenté. Un sérieux qui se ressent aussi au point de vue martial, les combats sont plausibles ce qui est vraiment appréciable. Rien de plus énervant que de lire ce genre d'ouvrage et d'avoir le récit d'un combat complètement bidon, ça gâche tout. L'enracinement des pieds, la façon de placer les mains sur l'arme, (aussi appelée tenir les oiseaux : assez serrées pour ne pas qu'ils s'échappent mais assez détendues pour ne pas les étouffer) autant de détails qui montrent que l'auteur a le souci du réalisme. Cela reste romancé et ce n'est pas un livre de technique martiale mais les scènes de combat ne sont pas tirées par les cheveux. Attention tout de même, âmes sensibles s'abstenir, c'est sanglant, mais quand on parle de samouraïs armés et décidés à en découdre, difficile de faire autrement.
Les personnages m'ont également beaucoup plu. Ils sont bien campés, ils invitent à la compassion et l'empathie. le lecteur arrive à les comprendre, à appréhender leur logique, ils sont cohérents. On dépasse le clivage des gentils et des méchants. Ce sont simplement des Hommes avec des façons différentes de voir le monde.
J'ai particulièrement aimé les personnages d'Akiyama et d'Ameku. Ce sont des êtres en marge de la société, comme Musashi Miyamoto mais pour des raisons différentes. Ils amènent notre héros à s'interroger sur le sens de la vie, sur la société dans laquelle il évolue.
La plume de David Kirk rend les descriptions vivantes : la ville grouillante de vie de Kyoto, ses tambours, ses combats de coqs, ses vendeurs; on entend presque la rumeur de la ville. L'auteur nous offre aussi de belles descriptions de paysages, en particulier celle de la lune rouge sang.
L'auteur utilise un vocabulaire riche et varié sans être pompeux.

Si Musashi Miyamoto était un guerrier hors normes qui a laissé son empreinte dans le monde des arts martiaux c'était aussi un philosophe, un calligraphe et un peintre de talent. David Kirk rend hommage à cet homme complexe en dressant un beau portrait du jeune homme qu'il a peut-être été.

Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cet envoi.
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