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Critique de Bimach


La fin de la deuxième guerre mondiale approche, les alliés avancent rapidement. de petites unités de la Wehrmacht se trouvent encerclées par l'armée américaine quand un colonel donne l'ordre de lancer une attaque en vue de libérer un carrefour des tanks américains qui l'occupent. le lieutenant Asch est sceptique sur l'utilité tactique d'une telle manoeuvre qui risque de coûter la vie à des dizaines de soldats. Mais le commandant Hinrichsen, lui, bon bourgeois qui s'est laissé entraîné dans les années 30 dans l'enthousiasme des promesses du nazisme, et pour lequel un ordre est un ordre, lance l'attaque, pour apercevoir, le colonel profiter de l'ouverture provisoire du carrefour pour s'échapper en voiture avec son adjoint. Ulcéré, le commandant perd d'un coup toutes ses illusions. Blessé, et ayant perdu d'un coup tous ses repères, il veut se laisser mourir sur place, et il faut toute la persuasion du lieutenant Asch pour le tirer de là et lui faire accepter ensuite de se faire soigner. Tout ce monde ne rêve plus que d'une chose : retrouver et châtier ce colonel qui n'a pas hésité à sacrifier une vingtaine d'hommes, sans intérêt pour les opérations militaires, simplement pour pouvoir s'en sortir, lui, pour des raisons sordides qui apparaîtront ensuite.
Le roman est l'occasion, comme toujours chez Kirst, de montrer la montée des illusions liées au nazisme et à son pouvoir de mobilisation des esprits, et, ensuite la chute dans les désillusions quand la déchéance morale à laquelle n'échappent pas même ceux qui n'ont fait que suivre, devient évidente pour la plupart. Il y a ceux qui, au moins dans leur esprit, résistent à l'imposition de la vérité totalitaire, les opportunistes qui s'adaptent, dans les faits et moralement, aux circonstances, et les affairistes qui cherchent le moyen de tirer profit de la situation.
Le récit montre bien le sentiment de culpabilité qui s'empare de bien de ses personnages, y compris ceux qui n'ont rien à se reprocher, sinon de n'avoir rien fait pour s'opposer aux ignominies dont ils ne pouvaient pas ne pas avoir connaissance, mais qu'ils réussissaient à minimiser confortablement. L'ouvrage se termine de manière passionnante par une mise en scène de la manière dont certains parviennent, des années après, à se débarrasser de ce sentiment de culpabilité, et à reconstruire leur mémoire de la manière artificielle qui convient pour retrouver une forme de fierté nationale et une forme de vie psychologiquement moins lourde à mener.
Cette mise en scène de la psychologie de personnages pris dans ces tempêtes de l'histoire est très bien réussie, même si la conduite de l'intrigue elle-même est moins efficace que, par exemple, dans "la fabrique des officiers" du même auteur, où l'on retrouve les mêmes contrastes dans la réaction de différents personnages aux prises avec ces vents mauvais.

Très beau roman, donc, même s'il est nécessaire, compte tenu de critiques très négatives qui me sont parvenues sur la qualité de la traduction française, de préciser que cette recension résulte d'une lecture de l'original allemand.
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