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Critique de trust_me


Des soldats. Américains. En Irak. Celui-là rentre chez lui après avoir passé son temps, là-bas, à abattre des chiens qui se nourrissaient de cadavres. A la maison il retrouve sa femme et son labrador, couché au pied du canapé. Celui-là vient de délivrer des policiers irakiens torturés dans la cave d'une maison tenue par des insurgés. Celui-là a du mal à se remettre de la mort d'un gamin de 14 ans, tué sous ses yeux par son collègue. Lui, il était affecté aux « affaires mortuaires », chargé de récupérer et transporter les corps de combattants, qu'ils soient américains ou irakiens. Cet autre, civil, rêvait de remettre en service une station de traitement de l'eau pour venir en aide à la population. Eux, ils débriefent à la cantine après avoir envoyé leur premier obus sur des cibles humaines. Combien en ont-ils eu en tout ? Combien ça fait de morts par membre de la section ? Et puis il y a cet aumônier recueillant des confessions difficiles à entendre, cet étudiant revenu du front, pointé du doigt par une camarade musulmane sur les bancs de la fac ou encore ce pauvre gars, défiguré par une mine, qui raconte son histoire dans un bistrot de New-York...

Phil Klay, vétéran du corps des marines ayant servi en Irak entre 2007 et 2008, a l'intelligence de ne pas sombrer dans les clichés, de ne pas jouer au « pro » ou au « anti » guerre. Son angle d'attaque est beaucoup plus fin : de l'artilleur à l'aumônier, du civil engagé par l'armée à l'administratif n'ayant jamais vu une zone de combat, il multiplie les points de vue et alimente la réflexion. Avec un réalisme sidérant, il décrit la vie d'une compagnie au jour le jour, il dit la peur du soldat sur le terrain, la haine absolue et aveugle de l'ennemi, les traumatismes physiques et psychologiques, l'impossible retour à une vie normale à la fin d'une mission, mais aussi l'incompréhension des proches, la quête de sens face à l'absurdité de certaines situations, les nombreux suicides, le regard, parfois difficile à supporte,r de ceux qui vous jugent sans avoir la moindre idée de ce que vous avez vécu.


Aucun pathos, aucun jugement, pas d'envolée lyrique, le ton est sec comme un coup de trique, empreint d'une lucidité qui fait froid dans le dos. Plus proche, dans l'esprit, de « Yellow Birds » que de « Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn », deux autres textes abordant le conflit irakien, ce recueil marque la fracassante entrée en littérature d'un jeune trentenaire incroyablement talentueux.



Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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