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Critique de boudicca


Jaël est un de ces hommes à qui tout semble toujours sourire. Fin bretteur, séducteur, libertin à ses heures, ils sont rares, ceux qui résistent aux charmes de l'écrivain. Et pourtant, Jaël ressent parfois cet étrange sentiment que cette vie n'est pas vraiment la sienne, que des pièces manquent au puzzle et que sa mémoire lui joue des tours. Serait-ce que le personnage de ses romans dont il partage le nom, Jaël de Kherdan, en serait venu à prendre vie en lui ? Impossible ! Et pourtant... Premier roman de Laurent Kloetzer longtemps introuvable et aujourd'hui réédité par les éditions Mnémos, « Mémoire vagabonde » est de ces récits envoûtants que vous ne lâcherez pas une fois immergé dans la lecture, et qui vous hantera encore longtemps une fois la dernière page refermée. On y découvre un univers à la fois foisonnant et intriguant dont l'auteur se servira également pour ses romans suivants, qu'il s'agisse des « Royaumes blessés » ou plus particulièrement de l'excellent « La voie du cygne ». L'essentiel de l'intrigue se déroule dans la ville de Dvern, une cité d'une beauté à couper le souffle mais recelant en son sein de sombres secrets et peuplée de personnages tous plus mystérieux les uns que les autres.

Autant l'avouer dès à présent, je serais bien en peine de trouver un quelconque défaut à cet ouvrage qui m'aura captivée du début à la fin. Laurent Kloetzer tisse les fils d'une intrigue complexe mais qu'il maîtrise à la perfection, jouant avec son lecteur comme son personnage avec une virtuosité remarquable. Jaël est pour sa part un protagoniste d'une grande complexité au sort duquel on ne peut que compatir, et il en va de même pour la plupart des autres personnages du roman. En ce qui concerne le style, Laurent Kloetzer joue là aussi dans la cour des grands, maniant les mots avec un sens de la poésie que je n'avais jusqu'à présent que rarement rencontré. Difficile de ne pas se laisser envoûter, à la fois par la quête du personnage et par les mots de l'auteur qui nous entraîne toujours plus loin encore dans le fantastique, dans le rêve. Et toujours cette mélodie qui résonne encore et encore jusqu'à prendre peu à peu sens au fil du roman : « Jaël est allongé, tournant les pages. le verre du miroir lui renvoie son image. Il y a sept mers à traverser encore. Et une pendaison à réussir d'abord. Tu dormais Jaël, ou étais-tu éveillé ? Penses-tu quitter la vie sans t'en aller. Si ton corps se balance, verras-tu plus loin. Où est-ce de l'Amance dont tu as besoin ? (les amateurs de musique auront sans doute reconnu une variante des paroles de « Joey » de Noir Désir, un titre que je vous recommande d'ailleurs chaudement d'écouter lors de votre lecture.)

Vous l'aurez compris, me voilà irrémédiablement sous le charme de ce roman comme de son auteur dont je constate avec plaisir que l'excellente réputation n'était pas usurpée. Si vous vous êtes vous aussi laissé séduire par le personnage de Jaël, sachez qu'un recueil de nouvelles intitulé « Petites morts » lui a également été consacré, bien que le ton soit ici légèrement différent que dans « Mémoire vagabonde ». Voilà en tout cas un roman envoûtant à la lecture duquel vous ne sortirez pas indemne. Un très grand merci à Babélio et aux éditions Mnémos pour cette découverte.
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