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Critique de Brooklyn_by_the_sea


Du surf, je ne connaissais que les Beach Boys, "Point break" et "Les seigneurs de Dogtown". Ben ouais, mais nan. Tout ça, c'est du pipeau à côté de ce roman.
Soit Dennis Keith, aka DK, dit DeeKay, 58 ans, 115 kg, ses aviateurs sur le nez, ses grosses jambes (ses poteaux sans genoux), qui vit avec M'man dans un village de retraités sur la côte du Queensland, Australie. Et qui se fait interviewer par une Foutue Bi-Ographe. Pasque DK est une légende. Un mythe, un héros. le Grand Homme. le meilleur surfeur de tous les temps. Pur génie naturel. Insaisissable. Mais faut pas lui parler de la fille dans la fibre de verre. Nada.

Shangrila (avec un tiret et un "s" final) était pour moi un chouette groupe de pop-rock américain des 60's. Il s'avère que c'est aussi un lieu imaginaire où le temps est suspendu (dixit Wikipédi@), inventé par James Hilton dans son roman "Les horizons perdus". Ici, c'est le nom de la maison d'enfance de DK sur la Gold Coast, l'Eden des surfeurs avant que le surf devienne un truc commercial pollué par des mannequins pour maillot de bain. du moins est-ce la vision de DK, né de l'océan, dieu vivant du surf, champion marginal et homme d'affaires à 18 ans, en plein flower power. Et Shangrila devient son Rosebud. Adios bye bye.
Ce roman a un parfum de nostalgie rageuse. Il exalte la plénitude d'un monde sans règles, d'une époque innocente où tout était simple et possible. Mais il dégouline de niaque aussi, car DK est un tueur. Il ne supporte pas que l'on gâche les vagues, ni l'esprit du surf sauvage, même si "le surf était déjà pourri en 1960, alors imaginez en 73" ; un puriste obsessionnel et entier, qui parle de sa pratique avec un naturel et une passion qui le rendent terriblement proche et captivant. Et qui avoue sa propension à passer à côté de sa vie : "How could this so great turn so shitty ?" comme chantaient les Pixies. DK est un rebelle, un loser, et pourtant le meilleur. Zéro compromis.
J'ai adoré ce roman, sa célébration de la liberté et d'un style de vie inimaginable aujourd'hui, et sa valorisation d'une forme d'arrogance crâne qui fait un bien fou. Mais surtout, j'ai été épatée et impressionnée par le travail de Malcolm Knox sur le phrasé de DK. En se racontant, DK utilise de façon aléatoire le je, le tu, le il, et ça reste lisible et cohérent. L'auteur nous fait accéder à l'esprit angoissé de son champion sans jamais nous perdre, même en dépit des termes techniques propres au surf qui ponctuent le récit, tant celui-ci est vivant et crée des connexions "d'âme à âme" entre le lecteur et le narrateur. Ben ouais.

C'est donc un drôle de livre, à la fois cool et puissant, fascinant et tragique. Une garantie de dépaysement et de retrouvailles avec une part de soi-même. Chef d'oeuvre. Ouais, merci beaucoup Malcolm Knox. Et merci.
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