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Critique de Sachenka


Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied, c'est un album dans le genre qui fait du bien. C'est la meilleure traduction que j'ai trouvé à l'expression anglaise « a feel good book ». Une histoire mignonne, apaisante, un brin tristounet mais qui donne de l'espoir et des ailes. Bravo à Pascal Rabaté pour cette charmante histoire et à Alain Kokor qui a su la mettre en images et en couleurs. le protagoniste, justement appelé Alexandrin de Vanneville, est un vieil homme, grand, tout en longueur, dans son manteau bleu carreauté. Il marche sa ville, s'arrête devant un appartement et sonne. Il réajuste son collet, question de se présenter dignement. Quand on ouvre, il décline son identité et propose sa poésie, dans un flot de paroles sympathiques et, surtout, rimées.

Ce bonhomme a tout de suite gagné ma sympathie. D'abord, avec son habitude de s'exprimer toujours (ou presque) en rimes. Il y croit, à sa poésie. Il l'assume entièrement, la vit. Ce n'est pas qu'un hobbie ou une astuce pour gagner de l'argent. Avec sa bonhommie, son air distingué (mais sans snobisme), sa gentillesse, son empathie, il est impossible de ne pas sentir quelque chose à son endroit. C'est d'autant plus poignant quand on découvre qu'il vit pauvrement, dans la rue. Et même là, il partage le peu dont il dispose (c'est-à-dire presque rien, le peu qu'il gagne en vendant ses feuillets de poésie) avec un garçonnet de dix ans, enfui de chez lui. Une belle relation s'installe entre les deux. Faite de confiance, de partage, de transmission de valeurs, d'entraide. D'humanité! Mais je ne vous raconte pas toute l'histoire.

Au-delà de l'histoire poignante, il y a les dessins, que j'aime beaucoup. Leur belle simplicité permet de viser juste, d'aller à l'essentiel. On dirait presque qu'ils s'effacent au profit des personnages. Alexandrin avec son manteau bleu, le jeune Kevin avec son kangourou rouge-orangée et sa frange, en quelques traits, on les cerne. Et les paysages? Ils peuvent paraitre un peu monochromes et flous. J'ai décidé que c'était volontaire. Mais monochromes, vraiment? Non, c'est injuste. Parfois, les pages prennent des teintes de rouge flamboyant (quand les personnages mangent autour d'un feu improvisé), d'un bleu vif pendant certaines nuits ou encore d'un vert généreux pendant une cueillette de pomme. Dans tous les cas, c'est toujours approprié avec l'action ou l'émotion que les auteur et dessinateur tentent de véhiculer.

Bref, Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied a réussi à m'émouvoir avec son histoire sans grande prétention mais qui va droit au coeur, ainsi que ses personnages attachants. C'est le genre d'album qu'il ne me déplairait pas du tout de relire de temps à autre et je suis persuadé qu'il en sera de même pour tous ses lecteurs. Je le recommande.
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