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Critique de Alfaric


Un point faible de la série c'est qu'une enquête mène toujours à une autre enquête parce que les crevards se soutiennent les uns les autres car que les squelettes planqués dans leurs placards sont tous reliés les uns aux autres : l'idée force des auteurs c'est que les États-Unis n'ont pas réalisé la purge annoncée en 1945 mais l'ont au contraire empêchée, imposant ainsi au peuple japonais des classes dirigeantes ayant biberonné au suprématisme, ayant fricoté avec le totalitarisme quand elles ne comptent pas en leur sein de véritables criminels de guerre et/ou contre l'humanité (genre le bon docteur Shirô Ishii responsable de la torture et la mort de plus d'un demi-million de personnes a continué tranquillement sa vie comme si de rien n'était en échange des résultats de ses expériences maudites)... Pour résumer à chaque arc chacun investigue dans son coin avant que le justicier ripoux qui a toujours un coup d'avance sur ses amis comme sur ses ennemis ne reconstitue avant tout le monde le puzzle et ne prenne les mesures qui s'imposent, mais du coup on a alors un peu l'impression d'être toujours au milieu du schmilblick d'autant plus que le dramatis personae donne l'impression de se transformer en Arbre de Pythagore avec des personnages à n'en plus finir... En bref, la séparation et la distinction entre les arcs n'est pas assez marquée !
Mais ici les auteurs font un peu le ménage avec des personnages mis de côté ponctuellement ou définitivement (le ménage effectué par les homines crevarices parmi leurs subordonnés s'avérant ainsi bien commode ^^) : on se débarrasse par exemple de l'archétype de l'assassin soixante-huitard d'extrême-droite qui a déjà servi pas mal de fois (et qui meurent connement et salement) comme du personnage de l'assassin soixante-huitard d'extrême gauche qui ne pouvait pas passer du côté des gentils (et qui meurt d'une manière assez classe)... du coup pourquoi faire du nouveau méchant à neutraliser cette saloperie de gouverneur psychopathe Sawatari qui sévit depuis le tome 1 ? Mystère et boule de gomme...

Donc on investigue et j'ai bien ri quand la brigadière Yume Asaki, qui enquête sur son affaire de fraude à la Carte Bleue, en pince pour Kenta Takamiya le yakuza gay qui lui en pince pour l'ex administrateur Shingo Seike qui essaye de surmonter son deuil en reprenant son nouveau taf aux X-Files. Kurokôchi croise les archives d'anciens barbouzes avec les informations données par ses indics nord-coréens, et amnistie le menu fretin pour chopper le gros gibier (mais force est de constater qu'on amnistie beaucoup mais qu'on condamne peu)... Car il redémarre les investigations sur son pire ennemi, qui aurait usurpé son identité durant les bombardements américains de 1945 !
* On développe l'idée des agents dormants, à savoir qu'il existerait encore dans toute l'Asie des taupes infiltrées durant la WWII par le Japon Impérial totalitaire et que celles qui seraient toujours en vie donc en activité verraient d'un très bon oeil la droitisation forte et rapide de leur patrie...
* On développe l'idée que la Corée du Nord aurait été une base arrière créée de toute pièce par les militaires totalitaires. Oui l'État voyou sert de menace bien commode pour justicier les politiques et budget armée et sécurité, oui l'État voyou sert d'intermédiaire pour de prétendus gouvernements démocratiques qui sous-traitent ainsi telle ou telle activité criminelle ou telle ou telle action terroriste, mais c'est la première fois que j'entends parler de ce qui ressemble à une légende urbaine mais vu le mystère qui entoure les origine de la dynastie dictatoriale au pouvoir l'hypothèse complotiste est séduisante...
* On développe l'idée que la Guerre Froide n'aurait jamais vraiment finie, et les ex-démocraties populaires favoriseraient la carrière des pommes les plus pourries des démocraties libérales pour les entraîner avec elles dans leurs chutes respectives... C'est pas faux quand on sait que la Russie a financé le Brexit et Donald Trump, et que la Chine a financé des politicards à Hong-Kong, Singapour, Taïwan...
* Mais le gros morceau c'est l'analyse du « trumpisme » : les technocrates étant conspués partout dans le monde et considérés comme responsables des 30 Piteuses, foutus pour foutus les gens voteraient « beauf » rien que pour les emmerder... du coup chaque ploutocratie présenterait son candidat « beauf » mais parfaitement corporate pour remporter la mise électorale et court-circuiter tous les véritables mouvements anti-système, et ainsi continuer à magouiller bien tranquillement en accusant les étrangers et les assistés de tous les maux (car il faut des boucs-émissaires pour diviser donc régner). Tant qu'à faire mise au point sur la vraie-fausse inefficacité des technocrates mis en place par les ploutocrates : ils ne sont pas teubés hein, grâce à leurs dé-régularisations qualifiés de réformes et de progrès par les médias prestitués une petite minorité de gens très riches devient encore plus riches tandis que la grande majorité des gens voient leur son niveau de vie diminuer quand ils ne sont pas purement et simplement déclassés. C'est la stratégie Don Salluste pensée par les Chicago Boys et mise en place par Reagan, Thatcher, Fabius et toute la clique néo/ultra libérale...

Le cliffhanger fait se croiser Yume Asaki / Yellow Violence toujours en quête du violeur et du meurtrier de sa soeur et le gouverneur Sawatori toujours en quête de nouveau jouets sexuels à briser : qui sera le bourreau et qui sera la victime ?
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