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Critique de PatriceG


Le Songe de Makar 1883
Vladimir Korolenko (1853-1921)


Korolenko écrit ce conte en 1883, alors que là est sa punition pour avoir grenouillé chez les révolutionnaires de tout poil et n'en avoir pas vu outre le "gentil paysan" qui méritait cent fois qu'on fasse en sorte de le laisser maître chez lui, le complot intellectuel monté contre lui -je dirais objectivement ici - dans les révolutions qui vont suivre où déja les américains mettaient leur nez d'usurpateur !

Ce pauvre bougre dans un village en Iakoutie va de déveine en déveine, chassé comme un malpropre par une ligue d' hommes, la veille de Noêl, tous impliqués dans une beuverie, va être reçu sèchement par sa femme de retour à la maison. On imagine bien que sa femme ne va pas encore lui servir à boire si tant est qu'il reste at home une goutte de je ne sais quelle cuvée ! Il décide alors de partir seul dans la nuit avec son cheval dans la taïga où il va connaître encore des déboires en chassant le renard et finira par se perdre en chemin - quel chemin d'ailleurs pour aller où ? - et mourir d'épuisement.

C'est alors, dans une autre vie, qu'un vieux pope,
Qui m'a tout l'air d' un revenant, (*)
Qui s'appelle Ivan
Tire Makar de son sommeil
Ni d'Eve ni d'Adam ..
et le porte jusqu'à son Grand Maître pour juger s'il s'agit d'un homme de bien ou d'un homme de mal, une seconde chance s'offrant à lui en quelque sorte, moyennant une balance autant insolite que renversante, composée d'un plateau d'or et d'un plateau de bois. La balance va peser dangereusement du côté du plateau de bois, c'est alors que Makar va faire preuve d'une grande inspiration comme jamais en puisant dans des valeurs chrétiennes !..

Cette oeuvre de fiction pour Korolenko qui fut inquiété plusieurs fois pour ses idées révolutionnaires qui lui vaudront la déportation en Iacoutie est la traduction de sa nouvelle vie d'exilé qu'il mettra à profit et il en fera une initiation qui lui apportera la sagesse et un jugement porté sur ses pairs bien plus salutaire que ses prophéties politiques d'antan. L'oeuvre est enlevée, malgré une mise en route un peu poussive qui nous laissait entrevoir un genre d'issue que l'on connaît déjà en bonne part.

Croire que la déportation sous Alexandre III a des vertus curatives que l'on ne soupçonnerait pas , là pour le coup si l'on aime les contes, telle est la gageure de Vladimir Korolenko qui sous sa plume à la fois fraîche et facécieuse nous présente finalement ici un genre plutôt inédit et agréable à lire. Ce conte connaîtra succès à sa sortie ; quand l'ironie est palpable, elle a son bon public ! Il sera traduit en anglais ..

(*) Clin d'oeil à notre poétesse de la station et d'ailleurs
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