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Critique de palamede


Nous sommes en 1970 dans un hôpital de Munich. Contraint de l'écouter après qu'il l'a menacé, un jeune hippie découvre l'histoire de son voisin de chambre Koja Solm, un vieil homme au passé chargé.

Solm explique avec ironie et sarcasmes comment il est passé des services secrets dans sa ville natale de Riga aux Einsatzgruppen (escadrons de la mort) en Pologne. Comment, presque à son corps défendant, il est devenu un parfait nazi : « De mon côté, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je devins un bon nazi. Je ne m'en rendis même pas compte. Nombre d'entre nous en firent autant, presque à leur insu, car devenir un bon nazi était comme devenir un bon chrétien. Les bons nazis étaient une évidence. Il n'y en avait pas d'autres, et les choses se faisaient d'elles-mêmes. »

La suite Solm la raconte avec la même dérision : après la guerre, il s'est mué en agent double ou triple du KGB, du BND, de la CIA et même du Mossad, comme si son passé de criminel de guerre n'avait aucune importance, lui donnait même une valeur irremplaçable. Mais l'histoire de Koja Solm, par delà celles de son pays et de sa famille, des aristocrates germano-baltes de Lettonie (à partir de la révolution russe de 1905, un pays qui connut toutes sortes de tourments), est aussi une douloureuse histoire d'amour, celle de son frère et la sienne avec leur soeur adoptive, une femme belle, déterminée et... juive.

L'humour ne diminue en rien, bien au contraire, l'épouvante et l'aberration des faits historiques relatés dans ce remarquable roman fleuve de 900 pages. Car si Chris Kraus nous émeut parfois, et nous amuse souvent d'une raillerie irrésistible c'est, à n'en pas douter, pour mieux nous imprégner inoubliablement de ce que le XXe siècle en Europe a eu de plus dramatique et révoltant. Ce que Hannah Arendt a qualifié de banalité du mal...
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