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Critique de Apikrus


L'auteur, né à Saint-Pétersbourg en 1891, est le fils d'un riche industriel allemand. Lorsque le 2ème Reich déclare la guerre à l'Empire russe, le 1er août 1914, le jeune Kröger est en Russie. Sa nationalité allemande y fait de lui un ennemi. En tentant de quitter le territoire russe, il tue plusieurs personnes. Capturé, il est condamné à mort pour espionnage, puis cette première condamnation est provisoirement commuée en une peine de travaux forcés.

Dès 1914, un long calvaire a commencé pour l'auteur, même si sa situation semble souvent très enviable comparée à celle de la plupart de ses compatriotes (et même à celle de certains autochtones), relations et fortune familiale aidant.
Malgré de forts liens noués durant son séjour forcé en Sibérie, Kröger rêve de retrouver son pays. Pour cela il lui faut fuir. Mais traverser la frontière est périlleux, y compris après la révolution de 1917. Le traité de paix de Brest-Litovsk entre l'empire Allemand et le nouveau pouvoir russe, en mars 1918, met fin à ce conflit et prévoit la libération des prisonniers de guerre, mais la guerre civile entre les 'rouges' et les 'blancs' perdure et ne s'achèvera qu'en 1923, pour être suivie du régime que l'on connaît… En attendant le retour, se terrer dans la gigantesque et inhospitalière Sibérie pourrait s'avérer la meilleure option.

La vie de Kröger après 1914 est mouvementée, à l'image de la vie politique du pays où il s'est trouvé enfermé.
Son récit autobiographique est passionnant. On pourra s'étonner de trouver de si nombreux détails dans un témoignage écrit si longtemps après les faits décrits. Quelques scènes surréalistes confirment de petits arrangements avec la réalité (par exemple celle d'un élan sauvage qui vient lécher la main de l'auteur !). Mais peu importe que le propos soit romancé, la précision et la qualité de l'écriture rendent cette lecture fort agréable.

Ce témoignage de fuites et de dissimulations m'a parfois fait penser aux remarquables livres de Joseph Martin Bauer et Vassili Peskov, respectivement 'Aussi loin que mes pas me portent' (fuite d'un prisonnier allemand après la seconde guerre mondiale) et 'Ermites dans la taïga' (des géologues trouvent par hasard une famille de vieux-croyants, plusieurs décennies après qu'elle s'est réfugiée dans la taïga, fuyant une répression religieuse à la fin des années 1930).

Je recommande vivement ces trois livres, et plus particulièrement les deux derniers cités.
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