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Critique de Apoapo


Je me suis très longtemps tenu à l'écart de ce roman si connu, à cause de sa notoriété ainsi que d'une adaptation cinématographique dont ne m'était restée à l'esprit qu'une histoire sentimentale et sexuelle de deux couples, sur fond de Printemps de Prague et d'invasion soviétique, d'une "insoutenable légèreté". Ce film m'aura donc été très nuisible pendant presque vingt ans. Une heureuse proposition amicale m'a fait revenir sur le livre et m'a offert des heures de bonheur. Merci.
En effet, dans cet extraordinaire roman, l'histoire des personnages, le cadre historique voire même l'ensemble des réflexions politiques sont peu de chose par rapport au foisonnement d'idées qu'il renferme. Je remarque d'emblée que les personnages, qui "ne naissent pas d'un corps maternel comme naissent les êtres vivants, mais d'une situation, d'une phrase, d'une métaphore qui contient en germe une possibilité humaine fondamentale" (p. 319 et passim), sont d'abord l'incarnation d'idées platoniciennes. Et cela me charme presque autant que son énoncé qui a pour conséquence de briser la fiction du réalisme narratif.
Et quel genre d'idées platoniciennes? Des idées philosophiques d'abord: le hasard et la nécessité (Es muss sein), la légèreté vs. la pesanteur (Parménide), des idées politiques (l'incompréhension mutuelle fondamentale entre la gauche des pays capitalistes et le communisme des satellites soviétiques), des idées esthétiques (sur le kitsch), des idées psychanalytiques (la succession infinie des trahisons, avec moult narrations des rêves de Tereza), des idées théologiques (le sublime début de la sixième partie, sur la "théodicée de la merde"), et j'en passe.
Et l'auteur? Outre les phrases à la première personne, et son implication dans l'ensemble des personnages - "les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées" (ibid.) - l'on peut penser que ce roman est probablement une "oeuvre totale", où l'identité de l'auteur, ses thèmes de longues années, ses anxiétés de son époque et de son vécu sont entièrement présents, bien au-delà d'un plan narratif unique et linéaire.
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