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Critique de domi_troizarsouilles


Voici donc le tout premier livre que je découvre en tant que lectrice pour les éditions Librinova, que je remercie pour leur confiance et mon intégration au sein de leur « jury de lecteurs » en cette année 2022 ! Malheureusement, pour moi et sans doute pour l'auteur, cette lecture a été un flop…

D'abord, ce (très court) livre est un recueil de (très courtes) nouvelles, genre que je n'avais pas coché parmi mes choix, car je n'affectionne pas ce format et aurais préféré éviter : ça commençait plutôt mal. Ensuite, ce titre intriguant de « métissage » m'avait interpelée (je travaille dans le secteur de l'aide humanitaire internationale, et suis très sensible à tout ce qui s'apparente à ce sujet), mais j'ai vite déchanté : on a beau parler de métissage de diverses couleurs et origines, il saute très vite aux yeux que ce livre est extrêmement franco-français. En effet, tout tourne autour de la France, de sa politique (où une certaine Marine tient une place démesurée), de ses mesures sanitaires spécifiques, de ses anciennes colonies (dont certaines font désormais partie des « Outre-mers ») et de quelques pays bien indépendants mais par où la France coloniale est passée tôt ou tard… Autant dire que la Belge en moi s'est très vite lassée, voire irritée de ce regard très hexagonal. Métissage, oui, mais pas francophonie : visiblement l'auteur n'est pas au courant qu'il y a d'autres lecteurs francophones de par le monde, que ceux de l'ancien empire colonial français !

Mais, pire que ces remarques somme toute très « belgo-personnelles », j'ai eu du mal à appréhender le regard très désabusé que l'auteur porte sur le monde d'aujourd'hui. Il semble en permanence regretter un monde révolu (celui des années 1970, quand tout le monde était un peu bisounours), et ne voit plus que les travers actuels, qui sous sa plume ont l'air de se résumer à : des Blancs qui ne votent plus que pour l'extrême-droite en se repliant sur eux-mêmes, des Colorés qui se réclament de l'indigénisme, voire pire (on a un bref passage par les extrémismes religieux) ; les hommes sont des lâches qui ne pensent qu'à trousser les filles, les femmes sont des profiteuses qui ne pensent qu'à manipuler les « gonzes »… Attention : ce n'est pas ça qu'il dit, du moins pas explicitement, mais c'est décidément ce que je retiens de ma lecture, où les clichés abondent.
Je rebondis sur ce mot de « gonze » : la plume de l'auteur est clairement travaillée, parfois peut-être un peu trop, à la limite d'une certaine pédanterie, dans laquelle se perdent tout à coup des mots relevant de l'argot le plus brut. Pour citer un exemple, outre ce mot que je ne vais pas répéter encore une fois, j'ai été presque choquée de voir une jolie description de femme tout à coup affublée de « nibards », c'est carrément lourdingue ! et toute la description agréable s'effondre comme un château de cartes, soufflées par un simple murmure déplacé. le tout est enrobé de ce qui s'apparente parfois à de l'humour, certes plutôt caustique, mais je pense qu'il faut se laisser emporter par se livre pour le savourer pleinement – hélas, pour moi ça n'a pas marché.

Parmi les autres points qui m'ont déplu, je citerai aussi le leitmotiv du covid : pas une seule de ces courtes nouvelles n'y échappe, en mode de plus en plus fataliste. Certes, c'est le droit de l'auteur de broder autour de ce sujet largement encore d'actualité… mais alors j'aurais aimé en être prévenue car, pour ma part, la lecture fait partie de ces plaisirs qui me permettent de m'évader… et j'évite comme la peste tous ces livres qui surfent sur cette nouvelle vague d'inspiration. Qu'on l'évoque au passage dans un roman moderne, c'est sans doute inévitable ; mais qu'on ressasse le sujet tout au long de seulement 127 pages, alors que ce n'est pas mentionné dans la trop courte présentation du livre : non merci !
Enfin, on retiendra quelques fautes d'orthographe – le format électronique du livre permet de les relever facilement, je ne vais pas en faire la liste ici… mais j'ai quand même été ahurie qu'un auteur qui se dit bourlingueur ne sache pas écrire correctement « dysenterie » !

J'ai pourtant tenu à aller jusqu'au bout, ce qui me permet de terminer par une petite note positive : j'ai beaucoup aimé le fait que plusieurs personnages des premières nouvelles reviennent habiter les dernières, si bien que le métissage se fait non seulement entre les différents peuples, mais aussi entre les nouvelles elles-mêmes. L'humour (caustique) relevé plus haut prend alors tout son sens, avec des allures de clin d'oeil. Je retiens en particulier la nouvelle de clôture, très personnelle, qui garde les penchants rédhibitoires de toutes ses grandes soeurs, mais qui se moque gentiment de l'Auteur (eh oui, avec un A majuscule désormais), or rien ne me plaît davantage qu'un auteur qui, finalement, ne se prend pas tout à fait au sérieux !
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