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Critique de Luniver


Julien l'Apostat est le neveu de Constantin 1er, premier empereur à se convertir au christianisme. Bien qu'élevé lui aussi dans cette religion et baptisé, il reviendra au paganisme et aux philosophes.

Dans ce pamphlet, il s'attaque donc aux « Galiléens » : il critique notamment le manque de respect des règles juives dont ils se disent les descendants, et les récits de la création du monde, qu'il considère comme des fables absurdes. Il leur oppose souvent la philosophie de Platon.

Julien s'étonne aussi qu'un Dieu tout-puissant se soit particulièrement occupé d'un peuple qui n'a eu aucun rayonnement comparé à l'Empire roman, preuve que les dieux romains sont bien plus efficaces quand il s'agit de protéger leurs fidèles.

Le document que j'ai lu (et disponible en ligne à la Bibliothèque Nationale de France) contient également des commentaires du Marquis d'Argens, « pour servir d'éclaircissement au texte et en réfuter les erreurs ». On y apprend également que la conservation du texte a été réalisée par des Pères de l'Eglise, ce qui ruine un peu l'idée de la quatrième de couverture de l'édition moderne, « La postérité chrétienne cherche à effacer ce texte » (mais enfin, un livre qu'on a cherché à détruire doit se vendre mieux qu'un livre qui n'a juste plus été édité depuis longtemps).

Les commentaires du Marquis m'ont finalement plus intéressé que le texte de l'empereur. Il défend le christianisme de manière peu convaincante : d'abord, en tombant sur des arguments qu'il a du mal à réfuter, il se félicite que l'Église ait interdit aux fidèles de lire la Bible, de peur qu'ils n'y trouvent « des questions qui seraient plus capables de les scandaliser que de les instruire » et « du danger de mettre entre les mains du peuple, un livre dont on peut faire un usage très dangereux, si l'on est pas conduit par l'autorité d'un juge qui nous apprenne comment nous devons croire et expliquer ce que nous y trouvons d'obscur, voire même d'inintelligible ». Puis, il accepte que les conclusions de Julien soient entièrement justes s'il se base uniquement sur la raison (mais se baser sur la raison est une grossière erreur), tout en regrettant qu'il n'ait pas la foi suffisante pour accepter comme des vérités des histoires sans queue ni tête.

Un texte intéressant pour le côté « histoire des religions » : on y apprend que les premiers chrétiens croyaient que les anges se baladaient sur Terre, avaient des relations charnelles avec des mortelles, ce qui a engendré une race de Géants. Au 18è siècle, à l'époque du Marquis, on évite les sciences, on évite de lire les textes, de peur d'avoir les idées embrouillées, et on se base uniquement sur sa foi et la doctrine du magistère, même si c'est parfois compliqué : « On voit la doctrine des Pères être souvent différente d'un siècle à l'autre : ils expliquaient diversement certains passages obscurs, selon les opinions qu'ils avaient à combattre. Cela rend encore plus difficile le véritable sens de ces passages. »
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