Ondine

Ondine, une belle naïade un peu effrontée, a été recueillie, dans son enfance, après avoir été rejetée par les flots, par un vieux couple de pêcheurs vivant dans une pauvre cabane, entre un lac et une prairie verdoyante à l'orée d'une forêt profonde. Comme ils venaient de perdre leur jeune enfant, mystérieusement noyée, ils l'adoptèrent avec piété. Elle vivra donc dans ce lieu où nul ne s'aventure, la ville étant à l'autre bout de la forêt sur laquelle planent des ombres maléfiques, où rôdent des esprits et des crétaures étranges, sinon le pauvre pêcheur, pour vendre son poisson, en chantant des cantiques et, un jour, un beau chevalier, qui s'y est égaré, après avoir relevé le défi d'une dame qu'il courtisait. S'il se rie d'abord des superstitions, la peur peu à peu s'empare de lui quand il croise un géant se métamorphosant en ruisseau ou des gnomes jouant dans les profondeurs de la terre avec des métaux précieux. Dans la tempète qui commence à gronder et dans la nuit qui tombe il va trouver asile dans la pauvre cabane du pêcheur. Un amour naîtra alors entre lui et ondine et ils vivront une longue idylle sur ce bout de terre que des eaux torrentielles ont encore davantage isolé. Ils se marieront ensuite grâce à un prètre qui dans la tempète s'était lui aussi échoué. Ondine révélera également les secrets de sa nature. Mais une fois les eaux taries ils iront vers la ville et le beau chevalier s'éprend à nouveau de la dame qui l'avait défié, délaissant Ondine et provocant ainsi la colère des esprits élémentaires qui règnent sur les eaux. Dans ce très beau conte on retrouve le goût que les romantiques ont eu pour le merveilleux, avec des emprunts divers et parfois des réminiscences paîennes, ainsi que pour la littérature courtoise, dans un monde devenu chrétien.