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Critique de PetiteBichette


Bienvenue dans le monde merveilleux d'Alexandre Labruffe, un être déjanté, déglingué, qui nous présente sa famille encore plus barrée (ils font un concours de celui qui a la pulpe la plus décollée au fond). Ce monde, c'est celui de ses origines, les Landes, pays dans lequel il a grandi dans une maison située à Origne (j'ai vérifié sur wikipedia et ça existe vraiment) et qu'il s'est empressé de fuir dès qu'il a pu, pour quitter le giron familial oppressant.
L'auteur nous emmène de l'autre côté du miroir, celui de son frère, dit PH, qui semble déambuler dans un monde virtuel et parallèle. Toujours à côté de ses pompes, crashant des voitures à tour de bras, Alexandre ne va réaliser qu'en écrivant son livre que PH est flou, fou, autiste ; qu'il l'a toujours su, même si personne ne lui a jamais dit..., assez surprenant tout de même, surtout quand on a 2 parents psychiatres, à moins que ceci n'explique cela ?
Visiblement cela n'empêche pas les névroses au sein de cette famille dysfonctionnelle, et PH va se retrouver incarcéré pour des histoires à dormir debout. le père en fait en véritable maladie, il somatise aurait dit feu la mère, et il ne va pas l'emporter au paradis.
La mère morte depuis un bail, s'est réincarnée en énorme lapin qui pointe le bout de son nez dès qu'Alexandre franchit le seuil de la maison du père.
Pendant toute cette lecture, je n'ai pas arrêté de me demander quelle était la part de fiction et celle d'autobiographie, tout se mélange, on ne sait plus très bien et finalement ça n'a pas grande importance, tant tout paraît vécu, le réel comme l'irréel.
Alexandre Labruffe nous prend par la main, et nous entraîne dans une ronde hallucinée au coeur des Landes à danser et descendre toutes les bouteilles de vin de la cave familiale devant un grand feu de joie réalisé à partir de toutes les vieilleries exhumées de la maison.
C'est « border », décousu, ça part dans tous les sens, follement poétique, semé d'haïkus égrenés de-ci de-là, tels des confettis, parenthèses désenchantées autour de la vie carcérale, du deuil, de la maladie, de la folie...
Je me suis laissé dériver au fil du récit et la sensation était agréable, relevée par une lame de fond d'humour salé à souhait. Quelques réserves : des longueurs vers la fin, fin que j'aurais souhaité plus fantasmagorique et jubilatoire, et les deux personnages féminins ont fini par m'agacer (la compagne d'Alexandre et la chamane en carton) les blagues étant un peu redondantes.
Si vous voulez du burlesque, du foutraque, des légendes familiales, je ne peux que vous conseiller de foncer sur les rectilignes routes landaises. Sortie de route assurée, à la lecture de ces confessions hallucinées, vous prévient le panneau de la photo en couverture…

« Parfois, une fumée,
un nuage de mots et d'images, des négatifs abîmés
me traversent, venus du fond des âges, de ma préhistoire.
La carapace qui se fissure.
Ma mémoire congelée
qui fond.
Aujourd'hui,
mes souvenirs sont des icebergs
qui dérivent
dans une mer virtuelle.
Ces fragments glacés se heurtent
à ce que je vois, ce que je fais,
je m'arrête dans la rue pour humer,
attraper ces bouts de passé,
miroirs brisés, reflets déformants,
à travers lesquels je m'observe. » (p.200)
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