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Critique de Parthenia


J'avais lu ce livre lors de mes lointaines années étudiantes et cela avait été un véritable coup de coeur, qui m'avait poussée à le relire durant la même période toujours avec un plaisir renouvelé. Cette fois, de longues années se sont écoulées, et même si le charme est toujours présent, je suis un peu plus sensible à ses défauts, et lui ai même préféré L'Hermine alors que jusqu'ici La Châtelaine avait été mon préféré de la trilogie, juste avant Sorcha ! J'ai plus ressenti cette fois-ci l'aspect "romance" du récit, ainsi que la mièvrerie de certains passages (ça m'a presque choquée à vrai dire d'observer un tel écart entre le ressenti de mes toutes premières lectures et celle-ci !).

Pour en revenir à l'histoire, celle-ci narre le voyage de la jeune Gunelle Keith vers les Highlands pour y être mariée au fils farouche et volage du seigneur Baltair MacNèil. Les informations qu'elle a glanées en chemin sur ce fameux Iain sont effectivement bien peu engageantes. D'ailleurs, le fiancé a fui son arrivée et ne se présente à elle que quelques jours plus tard pour lui opposer un accueil glacial et méprisant. En plus d'affronter l'hostilité déclarée de son futur époux, Gunelle doit faire face au déchirement qu'elle ressent d'être séparée des siens, dans un pays dont elle ne comprend ni la langue ni les coutumes. Par chance, Tòmas, le jeune cousin d'Iain, lui facilite les choses à Mallaig en lui apprenant le gaëlique et en lui faisant visiter le bourg et le château. Or, ces longues heures passées ensemble vont faire naître entre eux des sentiments bien doux, que goûte fort peu le fiancé malgré ses propres infidélités, et provoquer la violence de ce dernier...

J'ai été très heureuse de retrouver certains personnages du tome 1 (qui est paru, je le rappelle, après le tome 2) : j'avais adoré le personnage de Baltair qui, malgré les 34 ans séparant les deux histoires, a conservé toute sa prestance et sa bienveillance. Depuis la mort de sa femme Lite, l'héroïne de L'Hermine, une chape de plomb s'est abattue sur le château et ses habitants, faisant perdre les bienfaits apportés par les améliorations de la défunte châtelaine. La bibliothèque, le jardin, l'école du bourg ont ainsi été délaissés. En outre, le vieux seigneur doit faire face au caractère rebelle de Iain qui se désintéresse des affaires du clan et se querelle souvent avec lui.

On retrouve également avec plaisir Anna Chattan, la touchante veuve de Tadèus Fair ainsi que la nourrice d'Alasdair, le fils aîné mort en tournoi, et de Iain, qu'elle est la seule à aimer inconditionnellement. Elle est désormais l'intendante du château et sera une alliée sûre pour la nouvelle châtelaine. Struan, le neveu au destin poignant, fait quelques rares apparitions, même si elles ne sont pas forcément à son avantage. Et bien sûr, les frères et soeur de Baltair sont toujours au coeur de l'intrigue...

Iain MacNèil, le nourrisson indésiré du tome 1, est devenu un guerrier redouté, fier de son illettrisme et en perpétuelle rébellion contre son père. Un parfum de scandale l'entoure depuis qu'il est devenu l'amant de la veuve de son frère, la sulfureuse Beathag MacDougall. Sa réputation souffre en outre du soupçon de fratricide qui pèse sur lui. Comme on le voit, le lecteur a d'abord de lui une image fort peu flatteuse, d'autant plus qu'il a un comportement offensant vis-à-vis de sa fiancée qu'il malmène pour la pousser à rompre leur promesse d'épousailles. Mais progressivement, on apprend à mieux le connaître et comprendre son attitude. Car Iain est le fils mal-aimé de la famille, rejeté par une mère qui a toujours encouragé la rivalité entre lui et son frère Alasdair pour lequel elle n'a jamais caché sa préférence. Il n'a jamais reçu d'amour de la part de cette mère dénaturée, seulement son mépris et ses moqueries, et pour finir son reniement. Iain MacNèil est donc un homme détruit moralement, persuadé qu'il est indigne d'amour.

Lui et sa fiancée, révoltés par ce mariage arrangé, ont bien du mal à s'estimer. Il faut dire qu'ils ne partagent pas du tout les mêmes centres d'intérêts. Gunelle arrive avec son expérience de couventine et ses préjugés sur les Highlanders, faisant douter Iain sur ses capacités à assumer ses futures responsabilités de châtelaine. En outre, la jeune fille se sent écrasée par l'ombre de la défunte châtelaine dont les actions avaient contribué à faire briller le nom des MacNèil dans les Highlands. J'ai beaucoup aimé Gunelle. Elle fait preuve de détermination et de courage. Mais elle n'est pas une héroïne omnisciente et omnipotente : elle connaît des moments de doute et de découragement profond, ce qui la rend attachante. On ressent parfaitement son désarroi et son sentiment de solitude face à cette région étrangère et rude, et l'hostilité palpable de son fiancé.

J'ai bien aimé la progression des sentiments des deux époux, qui s'apprivoisent peu à peu, même si l'évolution de Iain paraît parfois un peu trop facile, passant du guerrier fruste et violent à un époux cultivé et attentionné. Dommage que des accents mièvres viennent à certains moments gâcher l'ensemble, car les face-à-face entre les deux époux sont vraiment captivants.

Si lors de cette relecture, la place trop grande faite à la romance m'a un peu déçue, j'ai par contre été enchantée par les descriptions immersives de l'auteure sur les paysages et la vie quotidienne des habitants de Mallaig qui donnent beaucoup d'authenticité au récit. Bizarrement, dans mes souvenirs, l'auteure mettait davantage l'accent sur la partie historique mais j'ai été surprise de constater qu'elle est finalement moins présente que pour le tome 1. Comme A-Little-Bit-Dramatic, j'ai tiqué sur l'oncle Carmichael, évêque d'Orléans.

Pour conclure, une relecture fort agréable bien que je sois moins indulgente vis-à-vis de ses quelques défauts. L'histoire d'amour de Gunelle et de Iain est touchante, même si elle n'échappe pas aux clichés inhérents à la romance, mais les deux personnages sont si bien développés que l'on passe outre cette trame un peu trop classique. Par contre, j'ai vraiment du mal à me faire à l'alternance des points de vue à la première et troisième personne.
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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