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Critique de fanfanouche24


En toute première instance, je remercie Babelio, Masse Critique et surtout le département « Jeunesse » des éditions Flammarion.

Avant que je n'oublie, comme l' a fait très justement remarquer, je crois ,... Canel… Avant de commencer ce récit, il est vraiment nécessaire, important de lire , en fin de volume, le texte très bref… sur ces 140 000 chinois, civils et volontaires, qui furent envoyés durant la Première Guerre mondiale en France, comme main-d'oeuvre, de 1916 à 1918…

J'ai appris très tardivement ce fait de la Grande guerre, par hasard… en faisant une escapade dans le pas-de Calais. Intriguée par le « pourquoi » d'un cimetière chinois (à Noyelles), j'ai été le visiter. Bouleversée par cette population exilée aussi loin de son pays, j'avais fait quelques recherches.


Déjà plusieurs jours que la dernière page de ce roman-jeunesse s'est tournée. J'avais besoin comme, lorsqu'on vient de voir un film épatant… de « décanter », d'assimiler, de réfléchir…D'analyser… mieux ; du moins, je le souhaite…

ATOS a fait remarquer combien…c'est une excellente chose, que de tels récits soient rédigés… pour la jeunesse. Ceci étant dit, ce roman en apprendra sûrement aussi aux plus grands…

Je ne vais pas raconter l'histoire… ou du moins le minimum : en pleine « boucherie » et « barbarie »… des soldats français et chinois vont sympathiser, s'entraider, se sauver mutuellement. Des personnages très attachants, dont Li Jian, qui déjà dans son pays, n'a pas eu une vie bien heureuse, en dehors de sa rencontre avec un lettré , qui lui offrira le moyen de dépasser les peines, les épreuves… par « le pinceau » :
« Li Jian se tourna sur le côté, remonta sa couverture et il se souvint de sa vie d'avant, là-bas au Shandong où le vieux lettré, Zhang Tse, l'avait initié aux secrets du monde, d'un seul trait de pinceau, alors qu'il n'était qu'un petit garçon en haillons « (p.14).

Dans ce conflit désespérant, qui dure… des soldats de tous les milieux vont se rencontrer, plus ces pauvres « coolies » qui assument les tâches les plus pénibles… avec une population civile, très méfiante envers « ces étrangers » , aux « yeux bridés »…:

A cause de l'horreur du champ de bataille, le petit groupe de soldats décrits, va se rapprocher… pour « supporter l'insupportable ». Il y a de vraies lumières de bonté, d'amitié, de bienveillance, entre Li Jian, qui à défaut de se faire comprendre, va dessiner pour chacun, en signe d'affection ou d'attention. Li Jian a aussi le don de parler et de soigner les chevaux, animaux centraux du récit.
Animal central pour la guerre, mais aussi, spirituellement artistiquement, pour Li Jiang. Ces chevaux tant de fois peints et dessinés par son vieux maître.

Cet élément de « l'Animal dans la guerre » est rarement aussi évoqué , et en détails : Les animaux au service de l'homme dans « ses conflits»… Là il est longuement question des « chevaux » que Li jian, transformé en « vétérinaire », »répare », soulage, soigne… pour qu'ils soient renvoyés aussitôt sur le champ de bataille !

…Pour conjurer la folie du désespoir, il y a la beauté des dessins de Li Jian, la poésie, l'amour des bêtes, l'amitié, l'entraide…l'affection d'une petite fille…
C'est un roman bouleversant, où j'aurais aimé être plus longtemps en « compagnie » de chaque personnage, après la guerre… pour savoir plus en détails… leur devenir… ou leur douleur de vivre, sûrement impossible à chasser ??
Ce futur est évoqué, mais fort brièvement.
Je finis cette note de lecture qui est complètement dans l'émotion… dans le ressenti, et non pas dans la transcription des faits… « Je m'en excuse »!!

Le petit groupe de camarades –soldats va être séparé… et Li Jiang va être envoyé avec les siens, auprès des troupes britanniques …
« Drouault repartait quand Li Jian le rattrapa par la manche. Il lui sourit, gêné. Comment cet homme qui avait tant de compassion pour les autres se sortirait-il de cette guerre ? Ou plutôt…., pensa Li Jian, qu'est-ce qui le ferait tenir ? Leurs regards se croisèrent et, tout à coup, ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, comme deux camarades, et Drouault lui donna un poème.
Ils se séparèrent ainsi ; l'un avec le dessin d'une pie, ignorant qu'elle était le symbole du bonheur, l'autre avec deux strophes de Baudelaire qu'il ne savait pas lire » (p.71)
C'est juste « Magnifique »…

Quelques mots sur l'auteur que je découvrais avec ce premier texte. Philosophe de formation. Elle écrit à la fois pour la jeunesse et les adultes, avec des thèmes de prédilection : la mythologie, les épopées, les voyages ou les chevaux, une de ses passions…

Une bibliographie complète ce « roman », et je vais me pencher sur un ouvrage cité, qui relate en détails l'histoire de ces travailleurs chinois en France pendant cette première guerre mondiale…

Je peux vous le dire maintenant… j'ai eu beaucoup de difficultés à rédiger cette note de lecture… car ce petit roman, est en réalité, très, très dense à tous points de vue… et aussi « émotionnellement »…
Un très beau texte , intelligent qui parle de moult sujets essentiels…dans un cadre effroyable… où des soldats déchirés, loin de chez eux, subissent un conflit qu'ils n'ont pas choisi… sans parler de ces exilés chinois, loin de leur patrie et de leurs manières de vivre, d'être… Exil et souffrance démultipliés.

Il nous faudrait de toute urgence… lorsque nous pouvons avoir la « faiblesse » ou la « bêtise »… de déraper sur l'idée d' »Etranger »… de songer à ces personnes, venues travailler sur le sol français, mortes loin des leurs, dont la dernière demeure est sur la terre de France… pour laquelle ils ont souffert…








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