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Critique de Lollipop59


"Dernier bateau pour l'Amérique" est à la fois un roman historique et un récit autobiographique très touchant : dans une narration virtuose entre les lieux et les époques, Karine Lambert livre son roman le plus personnel.

"On a bien failli le rater, ce bateau de la dernière chance. On nous a prévenues à 6 heures du matin que le Serpa Pinto avait enfin accosté au vieux port. Nous avons rassemblé nos affaires à la hâte et nous sommes parties avec les valises et les paquets à travers les rues sinueuses De Marseille, soufflant, trébuchant, courant comme des poules sans tête. Les passants nous regardaient ébahis. Moi je craignais qu'on se trompe de direction. J'ai découvert le navire en deux temps. D'abord l'odeur de la fumée. Puis en arrivant sur le quai, l'immense coque noire et les trois cheminées rouges alignées. Il était sur le point de larguer les amarres. Valia a crié : « Attendez-nous ! »"

Anvers, 10 mai 1940. Pianiste prodige, Germaine Schamisso s'apprête à fêter ses dix ans au moment où les Allemands envahissent la Belgique. Benjamine d'une famille d'émigrés juifs russes, elle fuit avec les siens.

Bruxelles, aujourd'hui. Karine Lambert apprend la mort de Germaine, sa mère, qu'elle n'a pas vue depuis vingt ans. Surgit alors chez la romancière le désir de comprendre qui était cette femme qui ne lui a jamais dit qu'elle l'aimait. Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots. Encore moins avec ses baisers. Au fil des mois, son enquête la conduit d'Odessa à Anvers, De Marseille à Ellis Island, de New York à Bruxelles. Elle découvre le tumultueux destin de ses ancêtres, leurs déchirures, leurs secrets enfouis. La vie que sa mère ne lui a pas racontée, elle décide de l'imaginer.

Je remercie @LaBelleEtoile et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman émouvant.

Comme un clin d'oeil à "L'Étranger" d'Albert Camus, les première lignes de ce récit autobiographique s'ouvre sur l'annonce de la mort de la mère de Karine, Germaine, qu'elle n'a pas vue depuis vingt ans. Malgré le ton laconique, assez détaché employé, ce décès va créer un manque qui sera l'élément déclencheur d'une enquête pour découvrir l'histoire des grands-parents de l'autrice ainsi que celle de leurs enfants.

La structure narrative bien maitrisée alterne entre passé, le temps du récit historique, et présent, le temps de la narration, celui de l'écriture du roman de Karine. L'enquête menée par l'autrice est en réalité une quête identitaire : grâce à ce récit dans le récit, comme une mise-en-abyme, elle nous livre l'histoire de sa famille en tentant de se l'approprier.

L'autrice dresse le portrait de sa mère pianiste, jeune fille passionnée de littérature et de musique, qui finit par sacrifier sa fille et ses aspirations de liberté pour satisfaire les attentes de son époux.

Ce que j'ai le plus apprécié c'est la partie américaine car presque tous les personnages (sauf la grand-mère de Karine) trouvent enfin leur place à New York où tout est possible grâce au rêve américain. le retour en Europe est synonyme de cette perte de liberté. Un roman poignant qui nous invite au voyage au travers les méandres de l'Histoire et de la mémoire familiale de l'autrice !
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