Je découvre avec
Au bord de la nuit (1933) une collection – Belfond [Vintage] -, qui réédite des titres méconnus ou tombés dans l'oubli, mais surtout un auteur,
Friedo Lampe, disparu tragiquement le 2 mai 1945. Roman d'atmosphère et d'avant-garde, tel que le rapporte
Eugène Badoux dans l'intéressante analyse de l'oeuvre qui suit le roman, tout se passe comme si l'auteur avait choisi une tombée de la nuit, n'importe laquelle, en septembre, et qu'il promenait sur la ville et son port son projecteur, tout ce qui se passe hors de notre champ de conscience, l'existence en somme, passant d'un personnage à l'autre, alors que l'Adélaïde s'apprête à prendre le large. Pas assez « allemand », selon les critères de l'époque, le livre sera interdit par les nazis.
Eugène Badoux cite l'auteur :
«En ce Noël 1933, Friedo écrira sur un exemplaire d'
Au bord de la nuit :
Mon enfant, à sa naissance rouge et fort,
Après quatre semaines était mort.
Il aimait l'air tiède, libre et weich
Et ne pouvait respirer au Troisième Reich.
Mais nous voulons avoir patience et espérer,
Peut-être le verrons-nous un jour ressusciter.
Le saisi»
C'est chose faite. de beaux passage sur le passage du temps, et sur l'avancée de la mort, de la nuit.