AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


Les maisons gardent-elles les souvenirs des vies passées entre leurs murs?
Mourad Basta, un vieil Algérien tente de conserver la demeure andalouse à laquelle il est viscéralement attaché. Car elle possède une histoire très particulière. Elle a été bâtie sur un ancien site romain par son ancêtre Sid Ahmed ben Khalil, dit Galileo el Rojo, morisque expulsé d'Espagne après l'échec de leur révolte , et qui a trouvé refuge à Alger.
Mourad se bat contre des promoteurs corrompus alliés à la municipalité qui veulent raser la vieille demeure pour y bâtir une tour sans charme.
Dans ce combat du pot de fer contre le pot de terre, l'homme peut compter sur l'aide d'une jeune femme de la même ascendance que lui, et qui a mis la main sur un manuscrit rédigé quelques siècles auparavant par Galileo.

A travers l'histoire d'une bâtisse construite au XVIème siècle en souvenir de l'Espagne, par un morisque épris d'une marrane, Waciny Laredj dénonce la corruption qui gangrène la société algérienne. Cette fresque historique ambitieuse pointe le doigt sur un système politique mais ce n'est pas cet aspect de l'oeuvre qui m'aura le plus intéressée.
Tel un palimpseste, la maison andalouse garde l'historique des traces anciennes et permet au romancier d'évoquer les évènements majeurs qui se déroulèrent entre ses murs, occupants français, algériens… , elle est une métaphore de la ville d'Alger.
Dans l'évocation des hommes des siècles passés, c'est la personnalité de Galileo l'ancêtre d'Andalousie, l'amoureux des livres qui a couché ses souvenirs, qui a retenu toute mon attention. Car à travers lui, Waciny Laredj retrace le destin des morisques, la guerre des Alpujarras, l'arrivée des expulsés à Alger et autres villes côtières. Il retrace aussi l'histoire d'une ville qui avait un mode de fonctionnement très particulier, la Régence d'Alger.

Galileo est touchant dans sa volonté farouche de reproduire une demeure dans le style andalou sur l'autre rive de la Méditerranée, pour sa femme adorée. La religion n'a aucune importance pour lui, le morisque amoureux d'une marrane et ami des chrétiens. Mais c'est lorsqu'il est appelé pour officier en tant qu'interprète auprès d'un captif espagnol aux cheveux roux qui n'est autre que Cervantès, que l'intérêt du lecteur s'accroit encore davantage. Il va tisser des liens étroits avec l'auteur du Quijiote qui va lui raconter les affres de sa condition de prisonnier, les différents combats auxquels il a participé et ses tentatives d'évasion pour regagner l'Espagne.
Face à un telle existence , des sommets enneigés des Alpujarras à la rencontre avec le manchot de Lépante, les malheurs de Mourad tombent vite dans les oubliettes.
Commenter  J’apprécie          545



Ont apprécié cette critique (48)voir plus




{* *}