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Critique de Crunches


Je suis mitigée à propos de cette lecture. J'ai l'impression que tout est sur deux niveaux :
Le roman lui-même est découpé en 4 parties : les deux premières sont assez assomantes alors que les deux suivantes sont halletantes. En effet, presque toute la première partie est une sorte de compte rendu sur une affaire économique, celle sur laquelle Mikael a publié un article qui lui a valu une condamnation pour diffamation. C'est donc toute une suite de détails économiques, on nous explique comment une entreprise a détourné de l'argent emprunté au gouvernement suédois. J'avoue que j'étais bien tentée de passer rapidement sur ces passages, mais comme je ne savais pas l'importance de ces passages pour la suite, je me suis forcée à les lire. Bien qu'on se rende compte que l'auteur a fait un effort pour que ce soit compréhensible pour tous, c'est quand même assez ennuyeux. La seconde partie quant à elle, est l'entrée de Blomkvist dans l'affaire Vanger. le seul "truc" intéressant est la manière dont il est recruté, la carotte qu'Henrik lui agite sous le nez. On sent qu'il y a une arnaque, tout comme Mikael, mais on est obligé d'accepter, parce qu'on n'a pas d'autre choix. du coup, on passe beaucoup de temps à se familiariser avec toute la famille Vanger. A savoir qui est qui, quels sont leurs liens exacts (frère, neveux, petit cousin etc...), à déterminer qui était sur l'île au moment des faits, qui pouvait avoir un motif pour faire disparaître Harriet.... Bref, tout ce qu'on attend c'est le petit déclic, l'élément en plus qui fait décoller l'affaire. Et celui-ci ne vient que tardivement. Entre-temps on a eu le temps de se faire des mini fiches sur les personnages, de tester les sandwiches pâté-cornichons-fromage et de prendre un p'tit café.
Mais une fois que l'Element (oui, avec un "e" majuscule !), les actions s'enchainent à une vitesse folle, les éléments se mettent en place, les idées fusent, les hypothèses sont confirmées et on est loin de la retraite paisible en bord de mer. On entre vraiment dans un policier. Même si certaines recherches d'info peuvent prendre plusieurs jours, on sent que les protagonistes sont en mouvement. Ils sont acteurs, actifs et ne sont plus ballotés par les vagues ! Ils surfent ! Et c'est grandement appréciable après les deux premières parties qui étaient en somme assez lassantes.

La double intrigue est aussi de deux niveaux : d'abord on nous présente l'affaire Blomkvist - Wennerström, celle pour laquelle Mikael est condamné. On nous dit que le gus ne s'est absolument pas défendu, pourtant il n'a jamais dit que Wennerström est blanc comme neige, et il cherche un moyen de le faire plonger. Donc on sent qu'il s'est fait floué en beauté et qu'il attend le bon moment pour sortir un dossier sur cette entreprise. Mais cette affaire est vite mise de côté au profit de la seconde affaire. Elle sera résolue en deux-trois mouvements dans la fin de la dernière partie. Un peu trop rapidement et trop facilement à mon goût. Mais bon, on peut se dire qu'il s'agit d'une intrigue secondaire, qui a le droit d'être un peu baclée.
Pour l'intrigue principale, celle qui concerne la disparition d'Harriet, on a aussi deux vitesses. Tout d'abord Blomkvist doit se familiariser avec les membres de la famille, savoir qui est qui. Puis il a le déclic. Et là, je peux dire qu'elle est pleine de rebondissements, j'étais vraiment intriguée, je voulais savoir le fin mot de l'histoire, je m'attendais à quelque chose d'exceptionnel. Et en fait... non. Bien que la conclusion ne soit pas ordinaire, c'est du déjà-vu... et un peu réchauffé. Ou c'est que je m'attendais à quelque chose de plus.... Mais d'un autre côté, à un moment on nous prévient plus ou moins : le dénouement de l'affaire Harriet sera tellement évident qu'on en sera déconcerté. Et c'est un peu le cas. Ca me parait tellement simple, et en même temps tellement horrible.
Ce qui fait que les deux intrigues tombent un peu à plat. Elles mettent du temps à se mettre en route et sont résolues un peu trop rapidemment et simplement à mon goût.

Le point fort de ce livre ce sont les personnages. Car si les personnages principaux sont très bien travaillés, il en va de même pour les personnages secondaires. A tel point, qu'on a du mal à en éliminer l'un ou l'autre.
Bien sûr il y a Mikael Blomkvist, un journaliste reconnu dont le statut vient d'être mis à mal par une condamnation pour diffamation. Afin de protéger le journal qui a lancé avec une amie (Erika), il préfère le quitter et accepter l'offre d'un riche industriel. Il a un charme certains, plait beaucoup aux femmes et parle facilement avec les gens. de plus, il est doté d'un esprit vif et est capable d'analyser et de relier des situations qui ne semblent pas être liées. Au départ, un peu balloté par les événements, il essaye tant bien que mal de tirer son épingle du jeu et de préserver ce qu'il estime important (son journal, ses collègues et sa famille). Il a un grand sens moral et se rattache à son éthique. Il prône la justice. Et en même temps c'est un homme d'action. J'ai beaucoup aimé ce personnage qui a beaucoup de points communs avec l'auteur. C'est peut-être pour cela qu'il me semble réel.
Ensuite, il y a Lisbeth Salander. Une jeune femme qui a été diagnostiquée perturbée (je dis "diagnostiquée" parce que pour moi elle ne l'est pas.) et qui est sous tutelle. Elle n'aime pas les contacts sociaux, ne veut dépendre de personne et ne veut surtout pas que vous vous meliez de sa vie, de ses sentiments ou de ses projets. Ce qu'elle préfère par dessus tout, c'est d'aller fouiner dans la vie des gens. Découvrir leurs secrets, car tout le monde en a, il suffit de les trouver. Néanmoins, son apparence ne joue pas en sa faveur. Sa corpulence la fait paraître dix ans plus jeune, une gamine à peine sortie de l'adolescence. Et ces vêtements sont atypiques : elle est souvent qualifiée de vampire gothique anorexique. Et pourtant, elle peut faire preuve d'une extrême violence. Elle est très indépendante, mais se montre très loyale envers les gens qu'elle estime et paie toujours ses dettes.
Enfin on a droit à toute une pléiade de personnages secondaires. On commence par les membres de la famille Vanger. Et là on a une véritable saga familliale, une dynastie. La famille est immense, avec ses secrets, ses cadavres dans les placards. Ils ne s'apprécient pas les uns les autres, ou alors très peu ; se respectent encore moins et on a l'impression qu'ils vivent tous au même endroit dans le seul but de pourrir la vie de l'autre. Henrik nous plonge dans le passé de ses frères et soeurs, on découvre le côté fasciste de la Suède. Cest une véritable épopée qui commence au début du 19° siècle et qui se poursuit encore aujourd'hui. On va être plongé dans presque un demi siècle de cette famille et ce ne sont pas ses plus belles années !
D'autres personnages vont nous être présentés : certains faisant partie du cercle d'amis ou de connaissances de Mikael : les gens de la rédaction, son ex-femme, sa fille, son amie de toujours Erika etc... d'autres font partie de l'entourage de Lisbeth : son tuteur, son employeur, un ami geek....
Tous ces personnages nous permettent de voir l'intrigue et les deux personnages principaux sous un autre oeil, ils nous apportent un éclairage différent. Sans pour autant nous perdre.

De ce roman je retiendrais donc des personnages frappant de réalisme (surtout avec un fer 5), une intrigue qui commence doucement pour devenir halletante au dénouement un peu plat.
Mais surtout, je vais revoir mon image de la Suède. Parce qu'en fait, à la base, malgré quelques jours passés dans le pays il y a plus de 5 ans, je n'en connais rien (enfin si.... Abba mais ça ne compte pas vraiment non ?). Je suis incapable de citer une personnalité suédoise. Et pour moi, c'était un pays pépère, où il fait bon vivre -sauf en hiver où il fait trop, trop froid. Mais, en début de chaque partie, l'auteur nous livre des statistiques qui font froid dans le dos ! Et ces statistiques plongent sont de plus en plus atroces :
on commence avec En Suède, 18% des femmes ont une fois dans leur vie été menacées par un homme
pour finir avec : En Suède, 92% des femmes ayant subi des violences sexuelles à l'occasion d'une agression, n'ont pas porté plainte. 92% !!! c'est carrément énorme !!!!!!!! et ça me laisse pantoise !

Lien : http://plaisirsdelire.blogsp..
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