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Critique de nadejda


Alors que dans «Place Monge» le narrateur faisait revivre son grand-père Jean L. que la guerre de 14 a enlevé à sa famille, «Les pas de l'ombre», eux, raniment le souvenir de son père, le petit garçon resté orphelin, qui grandira en Corrèze près de ses grands parents, pensionnaire dans un austère lycée de province où un professeur de philosophie le «pousse vers l'aventure parisienne».
Il poursuivra donc ses études à Paris où «il eut pour maître Alain, Nabert... La tête dans les mains, il progressait dans les ronciers des savoirs avec la ténacité qui lui venait de ses ancêtres, issus de vieilles terres qu'il avait fallu de siècle en siècle arracher aux griffes d'une nature sans aménité.»
"Il (le narrateur) finit par se lever, sentant l'envahir une torpeur qui lui vient des espaces et des temps traversés. Il passe devant l'ancienne entrée du collège Sainte-Barbe (où son père occupa un poste de répétiteur), descend la rue Cujas, croit encore apercevoir l'ombre qui se perd dans la foule du boulevard Saint-Michel. Sur la petite place envahie d'étudiants, il contemple un moment la fontaine monumentale, l'écoulement des eaux sur la jeunesse de son père."
Ce père qui, rattrapé par la guerre, sera fait prisonnier et passera cinq ans dans un camp en Allemagne.

Jean-Yves Laurichesse par la douceur de son écriture ranime des scènes anciennes en les effleurant, puis les entourant et les enrobant avec précaution, pour les faire remonter à la surface afin de pouvoir les évoquer avant qu'elles se brisent et disparaissent comme le font les rêves.
Ces deux livres, que j'ai lu à peu de temps d'intervalle, forment un beau diptyque plein de tendresse, à la poursuite des jours et des êtres enfuis. La couverture des «Pas de l'ombre comme celle de «Place Monge», pour souligner harmonieusement leur lien, s'orne d'une reproduction d'un tableau de Hammershoï.
Merci à Couperine qui a su me donner envie de les lire.
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