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Critique de le_chartreux


Pour commencer, je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour m'avoir fait parvenir ce roman lors de la dernière masse critique.

Ce dernier polar de John le Carré est une oeuvre sociale et politique fruit de sa grande expérience passée mais également, en filigrane, de l'histoire récente de la Grande-Bretagne en matière d'espionnage et de géopolitique.
On y rencontre des personnages de tout acabit, comme dans la vie de tous les jours ; il y a les fidèles soit par droiture excessive ou par rigidité d'esprit, soit parce que le sort leur ayant été plus favorable, ils ont en quelque sorte été épargnés et il y a les taupes – ce qui en matière d'espionnage, est quasi inévitable.
Des taupes qui au départ n'étaient pas forcément du mauvais côté de la route mais que la vie et ses aléas ont poussé un jour à changer leurs fusils d'épaule et à devenir traitres à la mère patrie.
Et puis il est surtout question de la grandeur décrépite de la Grande-Bretagne ; cette perfide Albion devenue un beau jour de 1815 maîtresse du monde alors que Napoléon jouait ses dernières cartes dans les faubourgs de Bruxelles. L'ex-Petit Caporal devait se prendre bêtement les pieds dans une boue un peu trop humide et des tirs de grenailles bien trop cinglantes en provenance de l'artillerie anglaise.
Cette date ouvrit la voie à la suprématie de l'empire Britannique qui se tournât soudain, étonné d'être surpris et d'un appétit fort redoutable, vers le reste du monde, imposant rapidement sa domination militaire et idéologique ; le modèle britannique s'érigeait alors en modèle.

Et cette suprématie dura un siècle.

Mais à partir des années 50, une gangrène s'installât. Petit à petit, sournoisement mais inexorablement, les mites et le temps ont fait oeuvre commune pour réduire à néant les oriflammes flamboyantes et les bannières de Saint-Georges qui dans les vieilles malles se ternirent, se fragmentèrent puis retournèrent en poussière comme digérées par les UV, les insectes et une cohorte presque ininterrompue d'hommes et de femmes politiques dont le seul point commun semblait être une incroyable incompétence.

Depuis, les Bentley et les Jaguar restées au garage ont les pneus qui s'affaissent ; sous le moteur, une tâche d'huile se fige lentement tandis que la poussière faite un temps quotidiennement s'accumule en couches grisâtres, cotonneuses.

L'Amérique a pris sa revanche sur l'ancien occupant et elle cherche toujours et par tous les moyens à s'imposer de partout dans le monde pour son seul profit. Jamais la Grande-Bretagne n'eut d'allié aussi peu loyal que cette Amérique là, mais toute orpheline de sa grandeur passée, elle continue de la suivre fidèlement.
Pire, en matière de politique étrangère, l'Angleterre s'est vu faire au 20e s. des choix si désastreux qu'elle n'eut besoin d'aucun ennemi pour se faire du tort.

Et les Services Secrets de sa Majesté dans tout ça ?
Comme tout le reste ; GRANDEUR et DÉCADENCE.

Que reste-t-il ?
L'amour bien entendu.
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