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Critique de Marie987654321



Une pierre de dodo comme déclencheur, un jeune femme qui accouche au milieu de la forêt, une jeune prostituée prénommé Krystal, un animal disparu, un certain Dodo au visage détruit par la lèpre (?) qui peut lécher son oeil avec sa langue, les traces presque effacées des esclaves conduits à Maurice et traités avec barbarie et des noms, des dizaines de noms dont la marque s'efface dans les cimetières et dont il ne reste de trace que dans le souvenir de Jérémie pour les avoir lus au dos des enveloppes ou entendus dans des conversations familiales. Et la chanson Auld Lang Syne de Robert Burns.


Jérémie, alter ego de l'auteur, se lance dans la quête de ce monde disparu. Il retourne à Maurice que son père a quitté jeune pour retrouver les traces de la famille Felsen, autrefois une grande famille de planteurs de cannes et une famille esclavagiste.
En parallèle, nous suivons la vie de Dodo, Dominic Felsen descendant de la branche réprouvée des Felsen, et réduit à l'état de clochard après la ruine de la famille, la mort de son père et la maladie qui l'a rendu monstrueux.

Dodo se rappelle le passé, son enfance dans la case à coté de la grande maison des Felsen, à Alma, son appartenance à l'illustre famille. Il décrit tout ce qu'il connait, refait les mêmes chemins pour que que les choses ne s'effacent pas comme les noms sur les pierres tombales. Sauf pour quelques vieux, il n'est qu'un clochard misérable qui se fait tabasser. C'est un tabassage qui rompt son destin et lui fait prendre un autre chemin.

Jérémie vient à Maurice sur les traces de sa famille, les Felsen de la grande maison, dont il est un des derniers descendants et dont le nom a laissé des souvenirs. Il rencontre quelques vieux qui ont connu cette époque et explore les lieux et les traces du passé de sa famille : le domaine appelé Alma dont il ne reste rien. Mais aussi les lieux où les esclaves étaient amenés, là où ils vivaient et mourraient ... Ces mêmes endroits où les touristes profitent de plages somptueuses.

Entre ces deux narrations s'enchevêtrent les récits des personnage représentant l'histoire locale : Saklavou, Ashok , Marie Madeline Mahé et Topsie, enrichissant encore le tableau..

Il y a de la magie dans ce livre, celle de la nature et de la force de certains humains, celle du souvenir qui garde vivant encore un temps. Il y a de la douleur et de l'injustice, celle du dernier dodo, de Dodo l'homme paria, des esclaves aux vies brisées, celle de Krystal, la jeune prostituée d'aujourd'hui. Il y a le poids d'une responsabilité (culpabilité?) d'une impuissance à défaire la douleur et l'injustice d'aujourd'hui (Krystal) comme celle du passé.

Certains passages m'ont fait venir les larmes, m'ont serré le coeur comme peu de livres ont pu m'atteindre. Je repense au carré de ciel bleu qu'on voit depuis le fond du puit où étaient précipités les esclaves. Je repense aux pierres jetées au dernier dodo et à son cri si triste. Je repense à l'errance de Dodo et aux quelques êtres d'exception qui lui offrent quelques moments de joies au fond de sa solitude.
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