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Critique de Baldrico


Ce livre a cinquante ans. Et pourtant, par bien des aspects, il résonne comme un livre très contemporain. Un livre à lire aujourd'hui. Un livre étrange, poétique, violent, prophétique.
Comme dans le Livre des fuites, auquel il fait suite, il ne faut pas y chercher de véritable trame narrative. Les personnages, Bea B. et Monsieur X, et la notion de guerre elle-même, y sont protéiformes. Ils se métamorphosent au gré des sujets abordés et des lieux fréquentés.
Le principal point de vue est celui d'une jeune femme, Bea B., qui semble évoluer en marge de la société, sans emploi. Elle est généralement en mouvement, et dans ses pérégrination, elle parcourt des lieux divers, mais presque tous représentatifs de la société de consommation (comme on disait dans les années 60-70), ou de la modernité technique. Elle est un individu, et en même temps elle est capable de représenter l'humanité confrontée à la technique, et même parfois elle s'identifie aux objets de la technique, elle se fond en eux. Car le propos de le Clézio n'est pas simplement une opposition écolo simpliste de la technique contre la nature. La technique est fascinante, ses objets sont beaux: la beauté peut être déshumanisée. Alors la guerre dont il est question, c'est parfois les conflits des humains entre eux, mais c'est surtout la fascination/répulsion pour la modernité, pour les immeubles qui cachent le ciel et sont inhabitables, les rues goudronnées, puantes, constamment embouteillées, les lumières criardes qui détruisent la vue, les bruits inouïs qui induisent des mouvements mécaniques comme dans les boîtes de nuit, les montagnes de déchets, les transports souterrains qui mènent on ne sait où...
Pour produire tous ces artifices, les hommes se font la guerre. Elle a toujours été là, elle est cachée mais omniprésente, elle est en moi. Serait-elle seulement en moi? Mais si elle est en moi elle est en d'autres aussi.
Et le Clézio prophétise sur la destruction et la renaissance, sur la guerre entre la vie et la mort.
Alors dans une période où nous faisons l'inventaire de nos productions et de nos activités, il est saisissant de lire La guerre de le Clézio et de nous demander ce qui vaut vraiment la peine d'être vécu
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