«Rolerie paraissait âgée de vingt phases luminaires, donc c'était bien elle qui était née hors saison, en plus milieu de la Jachère d'été, époque normalement inféconde.»
C'est avec Nadou, en tant qu'exploratrices, qu'on entre pas à pas, dans la «Planète Exile» et quelle belle traversée ! Comment vous décrire notre merveilleuse expédition ! Je cherche encore mes mots….
«Et sans hésiter, l'étranger le salua comme eût fait un égal… Cet individu était grand, bien fait, encore jeune; il avait le port d'un chef. Abstraction faite de son teint foncé et de ses yeux sombres à la lueur inquiétante, il pouvait passer pour humain. –Salut, Grand Ancien, je suis Jacob Agat.»
C'est un très gros coup de coeur !
C'est incroyable, Ursula Le Guin frappe encore très fort. C'est vraiment une conteuse hors pair à mes yeux. Je suis sous complètement sous le charme. Elle nous offre une histoire splendide, avec des héros exceptionnels, des personnages enchanteurs et un univers fabuleux à explorer, avec des peuples tous aussi différents les uns et les autres.
Ensorcelant, Intense, Féérique
«Elle éprouvait un sentiment bizarre qu'elle ne pouvait chasser de son esprit. Fermant la main droite, il lui semblait tenir contre sa paume, là où s'était posée celle du Hors Venu – une poignée de nuit.
On fait tout de suite connaissance de Rolerie, on part avec elle, en exploration, elle franchit la terre des hors venus car elle veut aller voir la mer et c'est au cours d'une agitation de la nature, qu'elle rencontre Agat, un hors venu, aux pouvoirs mystérieux. Il sent qu'elle est en danger et il se sert de son don de télépathie pour la guider en esprit. C'est delà, que les événements prennent une tournure inattendue.
«Agat parut saisi, mais se força à rire. Non… cela fait notre fierté. Ce qui nous pèse, c'est de vivre sur un monde auquel on n'appartient pas. Il y a cinq Années nous étions un grand peuple. Vois ce que nous sommes devenus. »
Au fil des pages, on sent vraiment des différences au niveau des clans. On prénomme les Hilfes, qui se considèrent comme les ‘'hommes'' de cette planète, ils ne sont pas très avancés dans leurs générations. Ils sont beaucoup sur leurs gardes, à propos des ‘'Hors Venus'', qu'ils appellent les sorciers. Les ‘'Hors Venus'' sont beaucoup plus évolués au sein de leur quotidien, ce qui fait un grand écart de différence.
Plus qu'on avance dans l'histoire, on sent que le climat est très fragile, que l'hiver s'en vient et que la guerre se prépare. Agat, le chef de son clan, un hors venu, vient demander de l'aide à Wold, qui est un Grand ancien, des Hilfes. Il lui demande de s'unir pour combattre ensemble, les ennemis, les Gaal. Wold est réticent à sa demande, il ne croit pas vraiment Agat. Est-ce qu'il va réagir à temps surtout quand les heures sont comptées, en temps de guerre ?
«Ce n'était pas lorsque débutait la saison de la mort que l'on pouvait commencer à s'aimer, pensa Agat.»
Je suis vraiment agréablement surprise, voire même très ravie. Je suis très enchantée par cette histoire, elle fait partie de mes livres préférés. Ursula Le Guin exerce encore son pouvoir de séduction avec sa plume, elle possède une écriture à la fois vigoureuse, soutenue et précise.
Elle fait très bien passer les émotions à travers les personnages, son univers est incroyablement imagé, on ressent presque que le vent, la neige, la tempête sous notre peau. On ressent très fortement leurs univers d'où qu'ils viennent, elle nous fournit les renseignements qu'il faut et le reste l'imagination du lecteur fait sa place.
«Le froid resserra son étreinte avec la tombée de la nuit. La neige qui avait fondu au soleil, gela en une couche de glace lisse. Embusqués sur les toits ou dans les mansardes du voisinage, les Gaal décochaient leurs flèches aux pointes enduites de poix enflammé, qui décrivaient, tels des oiseaux de feu, des courbes rouge et or dans l'air froid du crépuscule. »
C'est un petit roman, le récit est très bien construit, la table de matières est bien répartie et les sous-titres sont très significatifs. Elle décrit bien l'histoire, on se retrouve bien dans le contexte et on est capable de bien différencier les clans.
Elle aborde les sujets autour de la guerre, de la survie et des combats. Elle mentionne également les différences entre les deux peuples, le temps de survie et aussi la fécondation. Elle fait un clin d'oeil au premier livre «Le monde Rocannon» mais ça n'enlève rien à l'histoire ou à des lecteurs qui n'ont pas lu le précédent.
«Chaque jour des hommes étaient ainsi tués ou blessé, chaque jour diminuait le nombre des combattants et des défenseurs… déjà trop peu nombreux.»
Le livre se lit avec délice, comme on savoure un café latté, on déguste les mots, on savoure l'univers qu'on découvre. On s'attache à nos deux héros, on ne peut pas faire autrement. Il ne comporte pas de temps mort, c'est une histoire qui se dévore, avec bonheur, tout simplement.
«Elle avait complètement oublié qu'Agat pouvait très bien être mort, autant qu'elle sût. Assise parmi ces blessés endormis, dans les ruines d'une cité ou tout parlait de la mort, elle songeait à la vie : avait-elle des chances de l'emporter ?»
C'est en compagnie de Nadou, que je traverse avec elle ses terres lointaines, cette guerre qui fait rage avec nos deux héros et des personnages qui y habitent. On explore goulûment tout cet univers, une fois lancée, tu ne peux plus t'arrêter de le lire. C'est vraiment passionnant, révoltant et soulevant. On se croit à travers les histoires qu'elle nous raconte, on constate encore, son incroyable talent de conteuse. Suis-je objective ?
Je ne sais pas, c'est une autre de ses aventures, que je n'oublierai pas de sitôt. Est-ce qu'on serait aussi brave que Rolerie et Agat ?
Je conseille d'aller voir également les critiques de Nadou et des autres membres dont Bernacho, Crasynath, Tatooa et je remercie Nadou pour notre belle échange ainsi que notre belle amitié qu'on partage.
La lecture crée des belles amitiés et je ne peux que l'approuver. Je vais lire la suite avec Nadou et Crasynath, j'ai trop hâte.
Challenge Ursula/Anderson –
Je dévoile un peu ici :
«Nous sommes comme deux vieux combattants !» dit-elle. «O Jacob, quand tu iras au pays d'en dessous des mers, retrouveras-tu tes dents de devant ? Il leva ses yeux sur elle, déconcerté, et essaya de sourire, mais sans y parvenir. »
Siabelle
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