AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de justinesq


La Joconde a l'art de raconter nos histoires

Pourquoi “nos histoires”, et comment une oeuvre d'art serait-elle un témoin privilégié et une narratrice habile ? C'est parce que sous la plume d'Alain le Ninèze, la Joconde n'est pas un tableau figé : durant ses cinq siècles d'existence, depuis sa naissance en 1503 à Florence, son regard perçant et délicat a suivi des intrigues politiques et amoureuses, mais aussi l'engouement pour des oeuvres picturales et littéraires devenues éternelles. “Nos histoires” donc, celles qui ont scandé les rapports diplomatiques et la création artistique de la France, ici racontées à travers le prisme d'une Mona Lisa tout en modestie, et finement observatrice.

L'ouvrage d'Alain le Ninèze célèbre la Joconde non pas comme l'une des toiles les plus admirées au monde, mais bel et bien comme une peinture qui a voyagé, et qui a vécu. Le dialogue intérieur retranscrit par l'auteur s'attarde moins sur les états d'âme de Mona Lisa dépassée par sa notoriété - bien que ces passages fassent sourire le lecteur -, que sur les personnalités et les événements qu'elle a connus, et qui ont influencé le cours de l'Histoire.

Au-delà d'un focus sur le chef-d'oeuvre de Leonardo Da Vinci, ce livre déploie toute sa portée pédagogique. Pas d'hypotypose à la Diderot donc, ce n'est pas l'objectif ici. Entre ces pages, un style simple et oralisé qui dévoile - par le biais de conversations privées fictives tenues sous le regard de la Joconde -, les enjeux émotionnels et patrimoniaux autour des oeuvres d'art. C'est ainsi que le lecteur indiscret devient les yeux et les oreilles de Mona Lisa, et se plait à surprendre les échanges entre François Iᵉʳ et Leonardo Da Vinci, ou entre Napoléon Bonaparte et Joséphine…

Mais il y a aussi, au cours de sa longue vie de pérégrinations, des choses qui ont détourné le regard de Mona Lisa : cachez-moi ces Joconde qu'elle ne saurait voir ! L'auteur fait parler une oeuvre académique qui s'interroge sur son unicité, se sentant parfois offensée par toutes ces copies, et plus particulièrement celle de Marcel Duchamp, avec une moustache et la signature L.H.O.O.Q. (1917). Pourtant, Mona Lisa le reconnaît : la caricature, la lithographie et la sérigraphie font partie de l'Histoire de l'art. Et malgré tout, la “bellezza potente” (puissante beauté) de la peinture de Leonardo Da Vinci (la seule, l'unique), est toujours intacte. Peut-être parce que son charme réside dans tous les secrets qu'elle ne nous dévoile pas encore…
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}