Lettres à plumes et à poils

Ce livre est une vraie bonne idée : des animaux qui écrivent des lettres à d'autres animaux, avec humour et style. L'auteur joue avec les tons et les niveaux de langage - familier ou soutenu - et le lecteur décèle rapidement la personnalité des animaux grâce au style de leur plume. Ce qui est amusant, c'est que nous n'avons à disposition que les lettre de l'expéditeur. A nous de deviner le contenu des réponses reçues d'après le contenu des lettres suivantes... L'auteur joue aussi sur l'ironie, notamment dans la correspondance entre le renard et la poule, puisqu'un lecteur méfiant comprendra rapidement que les intentions du renard ne sont pas du tout honnêtes... Des clins d'oeil aux fables de la fontaine sont également visibles, à La Cigale et la fourmi, lorsqu'on découvre la fin de la correspondance de la fourmi à sa reine, et à le Corbeau et le renard, dans la correspondance du corbeau. Il faudra par ailleurs expliquer au jeune lecteur le double sens du mot "corbeau", qui prend tout son sens ici dans une communication épistolaire, d'autant que notre corbeau est un horrible xénophobe qui prend un malin plaisir à dénoncer tout ce qui ne lui plait pas aux "poulets" (autre double sens, qui sera peut-être plus évident pour les enfants). Bref, on sourit beaucoup dans ce petit livre au langage pas toujours simple mais recherché, et on sent que l'auteur s'amuse énormément avec les "noms d'oiseau" souvent issus du vocabulaire animalier :

"Le cafard aimerait désormais se nommer le bienheureux, la bécasse des bois propose de s'appeler la futée de la forêt, et le putois préférerait le nom de senbon.
La dinde du poulailler a pensé à la finaude de la cour, le diable de Tasmanie à l'ange de Tasmanie et l'âne de Provence au malin du Sud.
La fourmi et le moustique aimeraient quelque chose qui les grandit, l'éléphant, qui le mincit, et le rat rêve d'une appellation qui le rende plus sympathique.
Quant au cacatoès et la pipistrelle, je pense qu'il est inutile de vous faire un dessin, je suppose que vous avez compris ce qu'il faut changer pour leur éviter les quolibets.
Pour ma part, j'opterais volontier pour quelque chose de doux et de plus hygiénique, le doudou d'Inde m'irait très bien, cela plairait aux enfants sans effrayer leurs parents."

Un roman épistolaire pas comme les autres, qui nécessitera un petit accompagnement par un adulte pour expliquer les mots les plus compliqués.
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