Dans ce tome 13 intitulé "Les Archanges de Vinéa" et paru en 1983, Yoko retourne dans l'espace pour enquêter sur la disparation de 500000 enfants lors du Grand Cataclysme qui frappa la planète mère de son amie Khâny... La découverte de l'un des caissons magnétiques manquants amène Khâny et Yoko dans une cité sous-marine qui semble divisé en deux camps : celui d'un reine belliqueuse et celui d'archanges pacifistes... On est dans la Science Fiction donc l'auteur s'éclate avec des décors et des machines qui feraient pâlir d'envie les spéciales méchas de l'animation japonaise ^^
Mais au final c'est un peu confus car Roger Leloup est obligé d'utiliser une narration pulpienne pour tout caser en 48 pages (par exemple, si on suit la logique de son univers entre les 2 époques il y aurait 2000000 ans et non pas 2000 ans), mais on explore si joliment les frontières entre l'homme et la machine qu'Isaac Asimov aurait adoré cette BD ! (et décidément les Vinéens sont prédisposés à la tyrannie technologique, parce que c'est la 3e fois qu'on nous fait le coup de la dictature des machines ^^)
- Hégora issue d'une époque où les différentes cités de Vinéa était encore en guerre a accédé à l'immortalité robotique en transférant sa personnalité d'une machine à l'autre pour assouvir ses projets de vengeance... En liant son existence à celle de son peuple, seule être féminin en son royaume celle qui aurait dû être une mère pour tous devient un tyran pour tous...
- les archanges androïdes qui n'ont pas été conçus pour combattre ont contenu sa folie en faisant de la résistance passive, cad en désamorçant ses armes de destruction et en n'arrêtant l'éducation des enfants dont ils avaient la charge à l'adolescence pour qui ne puisse les réparer ou les fabriquer...
- les robots résistants pensaient influencer Yoko pour qu'elle fasse leur boulot (d'ailleurs notre intrépide héroïne se fait vamper par un beau gosse artificiel ^^), mais ils n'avaient pas prévu que Yoko allait influencer les robots... Car Tryak le robot serviteur dépasse sa programmation pour apprendre la rébellion ! (remember Dark Vador et l'Empereur ^^)
La série fait décidément la part belle aux femmes puisqu'elles jouent à la fois les bons et les mauvais rôles, Hégora étant ici une héritière de Celle-qui-doit-être-obéie, à savoir l'Ayesha d'Henry Rider Haggard qui est le personnage féminin le plus fascinant de tous les temps après Milady de Winter... Mieux entre la good girl en mission et la bad girl en perdition, il y a un étrange archange et une cité de tous les dangers comme dans le film "Barbarella" ! ^^
Achtung spoilers !
Et que faire des adorateurs d'Hégora désormais inaptes à la vie à l'air libre et des 200000 enfants encore dans leurs caissons magnétiques qui les uns et les autres sont tous nés à l'époque où les Vinéens n'étaient pas unis mais en guerre les uns avec les autres... Yoko la libérale s'oppose à Khâny la collectiviste, et Tryak décidément dans ce tome l'agent du destin remplace à la tête de la cité sous-marine la personnalité d'Hégora par la personnalité de Yoko, désormais reine et mère d'un peuple indépendant à 2 millions d'années lumière de la Terre...
Malheureusement la plupart des tomes vinéens de la saga sont victimes de la même malédictions, et toutes les potentialités de cette conclusion ne seront jamais exploitées (comme celles de la conclusion du tome 10 d'ailleurs) : toutes les magnifiques idées de l'auteur ne sont pas exploitées, parce que la serial n'arrive pas à devenir un feuilleton, et ne sont pas optimisées, parce que le carcan des 48 pages l'oblige à adopter une narration pulpienne bien trop étroite pour son imagination humaniste !
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