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Critique de Luniver


Ijon Tichy a été enrôlé comme futurologue dans un congrès au Costaricana, le but étant de trouver une solution au problème de surpopulation. Il y a bien quelques menaces d'attentats, et des enlèvements de responsables américains, mais ces événements somme toute banals n'entravent pas la bonne tenue des conférences, et sont gérés avec professionnalisme par le pays hôte. Jusqu'à ce qu'un des groupes décide d'introduire de puissants psychotropes provoquant bienveillance et optimisme béat dans l'eau courante, déclenchant une cascade de conséquences surprenantes.

Ce livre est une petite surprise. Il commence assez innocemment, et a l'air d'une bonne farce, avec une conférence improbable, des intellectuels à l'ouest et des situations loufoques (comme une police anti-émeute armée jusqu'aux dents d'amour pour son prochain).

Ensuite, viennent les noeuds au cerveau. Les psychotropes provoquent des illusions, mais il existe des anti-psychotropes qui vous ramènent au réel. Mais certains psychotropes vous donnent l'illusion d'avoir pris des anti-psychotropes alors qu'il n'en est rien, et vous vivez dans une illusion en ayant le sentiment d'être le seul à en en être sorti (imaginer des situations encore plus complexes est laissé à titre d'exercice aux lecteurs de cette critique).

Enfin, arrivent les questions plus sérieuses. J'ai été surpris, au cours de ma lecture, de découvrir que le roman avait été écrit dans les années 70. C'est en effet en filigrane une sévère critique du technosolutionnisme, qui pourrait s'appliquer aux changements climatiques actuels (sauf qu'on parle ici de surpopulation et, années 70 obligent, d'une future période glaciaire). Nos braves scientifiques, un brin déconnectés de la réalité, imaginent des solutions très créatives qui ne règlent pas grand-chose mais créent de nouveaux problèmes encore plus graves, qu'il faut régler par des solutions encore plus drastiques, qui ne règlent rien non plus mais créent de nouveaux problèmes encore plus dangereux, etc. le tout dans une fuite en avant toujours plus rapide.

Le roman commence donc par un rire bon enfant, puis on se gratte la tête, et on en sort avec les sourcils froncés en se demandant dans quelle panade l'humanité est en train de se mettre toute seule. L'âge du roman se remarque seulement par certains détails : des ordinateurs un peu vieillots, la crainte d'un âge de glace au lieu d'un réchauffement, ... – les conférences scientifiques n'ont par contre pas pris une ride (tirez-en les conclusions que vous voulez). Une belle surprise plutôt inattendue !
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