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Critique de SerialLecteurNyctalope


Découvrir une autrice québécoise et tomber en pâmoison devant son écriture est encore possible. Rares sont les romans aussi singuliers que L'avenir, qui, à travers la forme et le fond permet de s'émerveiller des lignes que l'on a sous les yeux. À travers Gloria, la soixantaine qui souhaite, après l'assassinat de sa fille, découvrir pourquoi ses deux petites filles ont disparu, nous allons à Fort Détroit. Avec le sens de l'uchronie, la ville de Détroit respire l'abandon, la désertion de l'humanité, là où chaque parcelle ne peut plus humer l'odeur du monde. En créant un lieu historique et en offrant la nationalité française à cette ville, Catherine Leroux s'insère dans les affres de l'âme humaine. Pour résoudre cette enquête, Gloria s'entoure de personnages secondaires qui la réveilleront de sa torpeur ambiante. Sa voisine Eunice, bourrue et généreuse dont le père vient d'être mortellement touché par un automobiliste, viendra inonder le roman de son coté dynamiteur. Puis il y a Salomon, l'agriculteur féru d'histoire qui aura besoin de contradicteurs dans les débats qu'il entreprendra. L'intrigue tissant son fil, nous en apprenons davantage sur le passé de cette famille en désuétude. Sa fille qui mangeait de la terre comme pour se ressourcer dès son plus âge, ne laisser rien apparaitre de bon. Sachez cependant que dans une seconde partie, les enfants qui se retranchent du monde pour cohabiter, à l'instar de Peter Pan, ouvrent une nouvelle perspective à cette écriture si virevoltante.

C'est un roman sombre totalement éclipsé par la lumière et la reprise des droits de la nature avec une verve évidente. Catherine Leroux ne s'arrête pas là et crée ainsi son propre langage où chaque dialogue entre français, anglais, québécois prend tout son sens dans un monde brisé. Vous cumulerez avec l'autrice une ode à la nature, du réalisme magique, une métaphore à échelle romanesque de cette société qui ne demande qu'à aller mieux. Un langage protéiforme en fonction des personnages qui m'a totalement conquis dans son approche linguistique et littéraire. Si la cause environnementale est devenue une priorité, Catherine Leroux envisage aussi le prisme social par lequel nos jeunes et futures générations risquent d'être heurtées de plein fouet. Eux qui se radicalisent et n'ont plus de temps à perdre pour tenter de sauver leur avenir, deviennent des étendards que l'on ne souhaite plus quitter. Écrire que ce livre est brillant devient une évidence. Alors direction le parc de la Rouge pour ne pas tomber dans le Ravin.

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