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Critique de zity


C'est évidemment difficile et délicat de faire une critique d'une sorte de pamphlet, surtout plus de 10 ans après sa parution.
Sur le fond, d'abord, c'est forcément très amusant de voir Laurent Lévy démonter en 2005 le mythique « nos ancêtres les Gaulois » (plus exactement, il montre les ressorts idéologiques d'une telle phrase), à croire que le débat politique n'a pas beaucoup avancé depuis. Bien que court, le livre prend le temps de décortiquer des « évidences » sur l'identité nationale, l'intégration, l'universalisme républicain, et, donc, le communautarisme. À mon avis, il manque quand même une réflexion sur le rapport entre individu et collectif, un point de vue plus « en positif » que la « simple » dénonciation d'un discours piégé et piégeux. Mona Chollet, dans Rêves de droite : défaire l'imaginaire sarkozyste, avait non seulement attaqué l'idée absurde de l'individu auto-construit, pour reprendre l'expression d'Olivier Rey, mais elle mettait en avant des pistes pour penser le rapport entre le « je » et le « nous » (pour repeupler l'individu selon sa propre expression). J'aurais ainsi aimé que Laurent Lévy nous donne quelques éléments sur les rapports entre « société ouverte » et « construction par les communautés », par exemple.

Dans ses arguments, je n'ai pas grand-chose à dire, si ce n'est qu'il y a un passage assez étrange et incompréhensible sur le football : Laurent Lévy affirme que les supporters du PSG ne sont présents qu'à Paris-même alors que dans ses banlieues, même proches, c'est l'OM qui est célébré. Puis il ajoute que la popularité du club est lié à sa capacité à brasser toutes les populations quelles que soient leurs origines. Sauf que rien ne lui permet de justifier ces deux affirmations qui me semblent quelque peu hasardeuses.

Sur la forme, j'ai eu le sentiment que le livre fonctionnait comme un pamphlet mais qu'il ne s'en donnait pas les moyens rhétoriques. Laurent Lévy reste un peu au milieu du guet, entre une volonté d'être clair et patient et un énervement que l'on ressent dans la brièveté et le choix de quelques cibles choisies qui reviennent constamment. En tout cas, le livre fait quand même du bien en ce qu'il permet de questionner des sujets que le débat politique a tendance à « naturaliser » en rejetant a priori tout ce qui ne correspond à cette idéologie qui a pris les musulmans pour l'extérieur de la République.

Un peu après la parution de ce livre, hasard du calendrier, Rocé sortait son deuxième album « Identité en crescendo ». Cette semaine, Sophian Fanen a publié un article pour les Jours dans lequel il montre l'importance de l'album et son actualité toujours aussi brûlante. J'y vois sans doute davantage l'urgence et un questionnement peut-être plus profond que le Spectre du communautarisme (et qui fait que depuis dix ans c'est un disque que je réécoute très régulièrement). Mais, en tout cas, les deux font bon voisinage.
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