Sur la route des hommes sans nom

B.H.Lévy agace, et il le sait. Il a même un peu tendance à confondre moqueurs et ennemis. Ce livre marque un tournant de l'âge: le jeune happy few est devenu largement septuagénaire, et il commence à faire le bilan. Il veut nous dire que, non, il n'a pas passé sa vie à la Closerie des Lilas, et que ses nombreux voyages sur les lieux de conflits et de misère du monde n'ont pas été ceux d'un voyageur cherchant l'exotisme, mais ont eu leur utilité, d'une part par le témoignage qu'il en rapportait (souvent dans les colonnes de Paris Match - tout le monde ne les a pas lus !-), d'autre part par les informations qu'il communiquait au pouvoir politique parisien, alors qu'il était plus ou moins en mission. Et il tient aussi à dire ceci: il a pris des risques physiques, ce qui n'est pas évident a priori pour qui le voit, bien propret, net et parfumé, sur les plateaux de télévision. Autrement dit: BHL a eu besoin de se justifier.
La synthèse de son rapport ne nous rend pas optimiste: dans un monde que nous croyions en paix, depuis la fin de la 2° guerre mondiale, il recense moult conflits, - que l'on veut parfois ne pas voir -, qui durent, et des morts, toujours des morts, et de la misère, encore.
Impuissance du politique et des organisations internationales, lâchetés et hypocrisies, face à une tâche considérable, probablement hors de portée des hommes normaux, dans un contexte d'augmentation de la population mondiale, et particulièrement de sa partie islamisée.
BHL n'a plus la flamboyance du dandy. Il a rejoint, en vieillissant, la cohorte de ceux qui ont vu et compris: les pessimistes.