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Critique de OuvrezLesGuillemets


[INCIPIT]
« Quand Henry Preston Standish tomba tout droit dans l'océan Pacifique, le soleil pointait à peine au levant. La mer avait le calme d'un lagon ; il faisait si bon et la brise était si douce qu'un homme ne pouvait que s'emplir d'une divine tristesse. »

Une tâche de graisse traitresse et voici qu'Henry Preston Standish se retrouve projeté par-dessus bord. Juste avant cet accident malencontreux, il profitait tranquillement d'une balade matinale sur le bateau qui le menait d'Honolulu au canal de Panama tout en contemplant avec ravissement la beauté d'un lever de soleil sur l'océan.

Standish n'est pas du genre à paniquer. Flegmatique jusqu'au bout des ongles, il est davantage inquiet de la honte qu'il pourra ressentir lorsqu'on viendra le repêcher que des risques qu'il encoure seul et perdu au milieu de l'océan. Il est fâcheux de se retrouver dans cette situation mais ce n'est pas une raison pour en perdre ses bonnes manières !

« Les hommes de son standing ne s'amusaient pas à tomber du pont d'un bateau en plein milieu de l'océan ; cela ne se faisait pas, un point c'est tout. C'était idiot, puéril et malpoli, et s'il y avait eu quelqu'un auprès de qui s'excuser, il eût demandé pardon. »

On s'amuse beaucoup des pensées de cet homme dans une situation quasi désespérée, qui reste pourtant pragmatique et prend même le temps de réfléchir à la manière dont il pourra raconter sa mésaventure quand il sera rentré chez lui. Il faut dire aussi que l'auteur désamorce dès le départ toutes les angoisses que pourraient avoir le lecteur : le temps est clair, la mer est d'huile, pas de requins ou autres animaux dangereux à l'horizon, bref tout est tranquille et calme autour de Standish. de quoi rester serein s'il ne voyait pas le bateau s'éloigner inexorablement.

Une seule question demeure, les autres passagers se rendront-ils compte à temps de sa disparition et le capitaine sera-t-il en mesure de le retrouver avant qu'il ne soit trop tard ?
A mesure que les heures passent, la confiance de Standish dans ses chances de s'en sortir vivant s'étiole peu à peu. Son flegme lui reste (presque) à tout épreuve.
« Puis il se dit que si le destin voulait qu'il se noie, il se noierait, un point c'est tout. Ce n'était pas plus compliqué que ça et ce n'était pas la peine d'en faire un drame, de battre sa coulpe ou de se perdre en protestations inutiles. »

Herbert Clyde Lewis arrive à rendre Standish touchant malgré ses défauts et en particulier sa vanité. On a d'autant plus d'indulgence pour lui que l'auteur nous décrit aussi les pensées des passagers sur le bateau, à mille lieues de ce que s'imagine Standish. C'est parfois cruel, mais c'est cela qui donne tout son intérêt et son originalité à cette tragicomédie.
Une belle découverte qui m'aura fait passer un joli moment de lecture.
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