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Critique de LesCahiersdeCorinne


L'algie vasculaire de la face est une migraine très douloureuse touchant dans le monde 1 à 3 pour mille de la population selon les pays. Méconnue, cette migraine, aussi éloquemment nommée « migraine du suicide », est un mal dont l'auteur, qui en souffre, décide de parler dans ce livre, afin de nous livrer ses réflexions et les mêler à d'autres de son quotidien.

C'est le titre de ce livre qui m'a attirée. Puis la lecture de la quatrième de couverture. Je ne saurais exactement expliquer pourquoi le sujet m'a interloquée. Je dirais cependant que c'est bien la mention de l'éditeur plaçant ce récit à l'opposé d'un témoignage narcissique qui a achevé de me convaincre. Extrêmement rapide à parcourir (moins de 200 pages), dont certaines ne comprennent que deux lignes, Laure Limongi nous embarque dans un enchaînement troublant et captivant, qui marie considérations scientifiques, souvenirs et décryptage des sensations sans jamais tomber dans l'apitoiement. Au contraire, sa plume acidulée et élégante vient apporter une certaine légèreté face à un sujet lourd.

J'ai donc découvert une maladie qui rend la vie parfois infernale, par crises, à ceux qui la vivent, qui doivent l'affronter à coups de cachet, d'injections, de bouteilles d'oxygène, d'incompréhensions, de doutes face à ceux qui pensent qu'ils exagèrent. La rage et la colère de ne pas pouvoir contrôler ce flux qui débarque et auquel on ne s'habitue jamais. Un ennemi qui rôde, sournoisement, qui attaque sans prévenir. Scientifiquement parlant, Laure Limongi détaille sans tomber dans une prose spécialisée les rouages de l'algie vasculaire d'après son ressenti. Mais elle offre aussi des extraits d'oeuvres ou d'interviews d'autres migraineux, connus et moins connus. Des interventions de scientifiques, ses rapports aux médecins. Elle nous emmène dans ses digressions, sur les champignons qui la fascinent, sur l'homme de Florès, sur ses vacances dans ce chalet familial en Suisse près d'un lac qui la perturbe, et aussi peu probable que cela puisse paraître, tout se rejoint.

J'ai été sensible tant à la forme qu'au fond de ce récit. Pudique mais spontanée en même temps, Laure Limongi parle avec son coeur et nous ouvre à son calvaire et celui d'autres personnes, tout en rappelant avec délicatesse la beauté de la vie, qui gagne toujours, et sa poésie.

Lecture étonnante, instructive et touchante, Anomalie des zones profondes du cerveau est un livre que je recommande chaudement. J'avais peur d'être dégoûtée par le descriptif des sensations que produit cette migraine bien particulière, mais Laure Limongi évite de rentrer dans le registre du pathos, du détail horrifiant et inutile, préférant celui qui ramène du côté lumineux de la vie.
Lien : http://wp.me/p12Kl4-Jg
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