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Critique de florigny


Alors âgées seulement de 11 ans, deux fillettes s'emparent d'un landau qu'elles croient oublié dans la rue par une mère indigne. Plusieurs jours après sa disparition, le bambin est retrouvé sans vie dans une cabane de Leakin Park à Baltimore. Alice Manning, l'effacée, la douce, et Ronnie Fuller, l'effrontée, la rebelle, sont devenues des enfants meurtriers.


Face à l'inconcevable, l'opinion publique se déchaîne, les esprits s'échauffent jusqu'à évoquer un crime racial puisque les tueuses en herbe sont blanches et la victime noire. Toutes les injustices, les haines, les inégalités se cristallisent sur ce drame hors norme qu'il faut bien imprégner d'un sens. Aucune loi n'existe dans l'Etat du Maryland pour juger des enfants aussi jeunes comme des adultes. Grâce au lobbying de l'influente famille Barnes qui crie vengeance et exige un légitime châtiment exemplaire, un compromis est trouvé avec la justice. Celles qui sont présentées comme des monstres par la presse sont placées durant 7 ans, faute de mieux ou de pire, dans différents établissements pour délinquants juvéniles. C'est donc à l'âge de 18 ans, que toutes deux sont libérées. Au même moment disparaît Brittany Littlle, même âge qu'Olivia Barnes, circonstances de son enlèvement similaires. Nancy Potrcurzski, américanisée en Nancy Porter pour des raisons uniquement réjouissantes au Scrabble, et Kevin Infante, son coéquipier, qui ont déjà travaillé sur l'affaire Barnes, sont en charge de l'enquête.


Mauvaise compagnie est un pavé que j'ai lu lentement pour ne pas en perdre une miette, car Laura Lippman s'affranchit des codes du genre. L'enquête est bien sûr au coeur du dispositif et son épilogue, en parfaite adéquation avec tout ce qui le précède, est à la fois cohérent, dramatique et émouvant. Mais l'auteure passe également au crible tous les protagonistes des deux affaires, parents défaillants ou aimants, avocats humanistes ou arrogants, policiers ambitieux ou démunis, presse sans foi ni loi, institutions et services sociaux dépassés, justice impuissante et hypocrite, réinsertion défectueuse ou inexistante. Au terme de ce roman dense, plusieurs questions s'imposent qui obligent à se dévoiler la face : Comment et pourquoi des enfants deviennent-ils les meurtriers d'un enfant plus jeune qu'eux ? Une fois l'inimaginable perpétré, quelle réponse institutionnelle, quelle prise en charge adaptées, lui donner ? Une réinsertion sociale et familiale est-elle possible et acceptable ?
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