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Critique de katicha


Milo Burke est déçu, et il en prend conscience petit à petit. Déçu d'avoir dû remiser ses ambitions artistiques de jeunesse, déçu de sa paternité dont il peine à voir les bons côtés, déçu par ses collègues qu'il croyait connaître et qui , en bref, sont des connards félons.
Milo Burke, donc, est un raté. Un "loser", comme on dit en anglais, histoire d'atténuer la brutalité du constat et de se sentir moins seul, dans la houle et le grand peuple des laissés-pour-compte . Ses collègues , donc le poignardent dès qu'il a le dos tourné et lui font perdre son emploi sans intérêt (mais néanmoins indispensable); sa femme a les yeux dans le vague dès qu'il lui parle (de quoi, d'ailleurs ?) et sa propre mère l'envoie promener (gentiment) , occupée qu'elle est à vivre sa retraite new-age avec une compagne rébarbative et vraisemblablement végane.
Milo Burke pourrait se jeter sous un train façon Karénine, s'empoisonner comme Roméo ou se flinguer comme Werther. Mais on est un loser ou on ne l'est pas et le destin de Milo, c'est de subir. Même cette liberté ultime de se suicider, il ne l'a pas. Puisqu'il se voit proposer une réintégration miraculeuse au sein de son entreprise , pour effectuer une mission "de confiance", qui a tout l'air - en réalité - d'un bâton merdeux, aimablement tendu par un copain de jeunesse à qui tout a réussi.
Ce que Sam Lipsyte réussit mieux que personne, lui aussi, c'est de nous faire partager les tourments, les confessions de cet "enfant du siècle" et de trouver la lumière au fond même d'une corbeille de recyclage pleine de gobelets de café bio en carton beige.
Un grand moment littéraire de médiocrité sociale , la revanche des gens qui ne sont rien, bref: indispensable .
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