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Critique de MaminouG


Décidément les premiers romans de la rentrées 2016 se suivent et, s'ils ne se ressemblent pas, du moins ont-ils, pour ceux que j'ai eu le plaisir de lire, un point commun : la qualité. "Les mais lâchées" d'Anaïs LLOBET ne déroge pas à la règle. Sans compter qu'avant de l'ouvrir on a le loisir d'admirer une magnifique couverture, d'une grande élégance, joliment colorée, que l'on comprend dès la lecture des premières pages.
Madel est journaliste, correspondante d'une chaîne de télévision aux Philippines, et se trouve chez son ami Jan, chirurgien esthétique quand est annoncé un typhon de force 3, puis 4, puis… Les vents, le bruit de l'eau, Madel, Jan, Lally, l'employée de la maison et Rodjun, un petit garçon voisin attendent l'arrivée de cet ouragan annoncé dans cette maison de "riche" aux murs réputés solides. Et puis…le fracas, la vague, le noir, le bruit et… les mains qui lâchent.
C'est surtout l'après que va nous raconter l'auteur. Un après apocalyptique fait de morts, de blessés, de maisons détruites, pulvérisées, tombées, de gens hagards, de boue, de douleurs, de malheur, de blessures, de recherches, de pillages. Elle nous emmène à sa suite dans la ville de Tacloban dévastée par le tsunami – car c'est bien de cela dont il s'agit – et réussit à parler d'elle à travers les autres traduisant parfaitement son empathie, ses peurs, avec le recul de la journaliste qu'elle est. Car Madel et l'auteur ne font peut-être qu'une. Anaïs Llobet est, en effet, journaliste, je l'ai découvert après la lecture de son roman, et se trouvait sur les lieux de la catastrophe. J'ai beaucoup aimé son écriture à la fois poétique et puissante, simple et équilibrée. Equilibrée parce que s'y mêlent, à de brefs moments la rigueur d'un compte-rendu journalistique, la distance, le sang-froid et davantage encore la sensibilité de la femme touchée par ce qu'elle a vécu et les pertes dont elle a été témoin.
Elle nous permet d'assister au plus près au travail des sauveteurs, au regard perdu des rescapés qui errent à la recherche de proches disparus, à leurs états d'âme, elle leur donne la parole, des témoignages émouvants glissés çà et là entre les chapitres. Mais jamais elle ne tombe dans le pathos, jamais elle ne nous pousse au voyeurisme, jamais elle ne regarde ses personnages avec condescendance ou pitié.
Anaïs Llobet signe là un roman d'une grande force, somptueux, imagé, un hommage à tous les Philippins, un véritable ouvrage de mémoire.
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